FootballServette est-il en train de gâcher sa saison?
Le niveau de jeu des Grenat a drastiquement baissé ces dernières semaines, alors que l’avenir de Weiler n’est pas scellé. Heureusement, il reste la finale de la Coupe.
- par
- Valentin Schnorhk
C’est une affaire de quelques jours. Le dimanche 2 juin, en fin de journée, on pourra statuer: quelle appréciation donner à la saison de Servette? Positive ou exceptionnelle? La finale de la Coupe de Suisse contre Lugano, selon son dénouement, peut à peu près tout changer au bilan final. Sans oublier les émotions, notamment celles liées à l’aventure européenne. Mais il serait navrant de gâcher tout ce qui a été extraordinaire.
La crainte commence à germer autour de l’environnement servettien. Factuellement, les Grenat feront moins bien que la saison passée en Super League: ils seront troisièmes plutôt que deuxièmes, et il n’y aura pas de rêve de Ligue des champions cet été. Même si l’espoir d’Europa League ou de Conference League reste une bonne raison d’apprécier le moment. Aussi, en début de saison, les dirigeants servettiens visaient le podium.
Ce qui a changé la donne et fait émerger d’autres ambitions, c’est ce Servette injouable entre octobre et mars. C’est la perspective de lutter pour le titre avec Young Boys, qui est finalement sacré avec pas mal d’avance. C’est le constat que les Grenat n’étaient pas si loin d’un quart de finale européen ce printemps. Jamais ces dernières années Servette n’avait donné le sentiment d’être aussi fort.
Les problèmes offensifs
«Nous avons fait une très belle saison, insistait l’entraîneur René Weiler, après la défaite 1-0 contre les Bernois. Nous avons été compétitifs dans trois compétitions, sans avoir un effectif aussi large qu’YB. Quand on voit les joueurs qu’ils ont encore pu faire entrer en cours de match lundi…» C’est le discours que tient souvent le technicien ces derniers temps: Servette avait peut-être les moyens de jouer le titre, mais certainement pas de le gagner.
Peut-être a-t-il raison. Mais cela justifie-t-il ce qui s’apparente à un écroulement depuis l’élimination contre le Viktoria Plzen en Conference League mi-mars? En championnat, il y a eu six défaites, deux nuls et seulement deux victoires en dix matchs. C’est notamment là que Servette a perdu le titre. Il y a heureusement eu la qualification pour la finale de la Coupe de Suisse, avec la victoire à Winterthour en demi-finale.
Elle sauve les apparences. Elle permet de croire que tout va s’inverser le 2 juin au Wankdorf. Mais il ne faut pas perdre de vue les problèmes actuels: l’incapacité à produire du jeu, surtout. Offensivement, Servette ne va pas bien: contre YB, il y a eu cinq tirs genevois, aucun cadré.
«Nous avons des difficultés en attaque, statue Weiler. Au deuxième tour, nous éprouvons plus de peine à marquer des buts. Je n’ai qu’un attaquant et demi à disposition. Je n’ai pas beaucoup de choix.» Une façon de dire que Guillemenot et Nishimura n’ont pas le profil du 9 que Weiler aurait aimé avoir. Que la blessure de Crivelli était prévisible. Que l’entraîneur se force à trouver des solutions (Stevanovic en soutien de Nishimura lundi), même si elles ne semblent pas viables.
Le discours de Weiler
Mais le discours de René Weiler ne peut pas être totalement neutre. Entre les lignes, on doit forcément identifier une manière de se dédouaner, de faire comprendre que les choix liés à la constitution de l’effectif n’étaient pas tous les siens. Que pour rester à Servette l’année prochaine, il faudrait lui conférer plus de responsabilités à ce niveau. La démarche est à peine voilée. Malgré la saison qu’il lui reste dans son contrat, il n’est pas acquis que Weiler choisisse de continuer à Servette.
Là aussi, c’est un sujet qui vient ternir un peu la fin de saison. Sauf qu’elle n’est pas terminée. «Il nous reste encore un objectif cette saison: nous devons bien préparer cette finale», recentre le Zurichois. Il n’y a sans doute qu’un trophée qui puisse en effet relativiser les remous de ces dernières semaines. Servette le mériterait.