Parlement européenLe parquet ne veut pas de la remise en liberté d’Eva Kaili
Les avocats d’Eva Kaili, ancienne vice-présidente du Parlement européen accusée de corruption, ont révélé jeudi que la justice n’était pas favorable à sa sortie de prison.
Le parquet fédéral belge s’est opposé jeudi à une remise en liberté de l’eurodéputée grecque Eva Kaili, incarcérée depuis six semaines dans le cadre du scandale de corruption présumée au Parlement européen impliquant notamment le Qatar, ont annoncé ses avocats.
Devant la chambre du conseil de Bruxelles, qui siégeait à huis clos, les avocats de l’élue socialiste ont demandé des mesures alternatives à la détention provisoire «comme par exemple le bracelet électronique», a dit l’un d’eux, André Risopoulos, à la sortie de l’audience.
Mais la position du ministère public a été «fermement négative», a ajouté l’avocat. «Le parquet fédéral estime que tous les risques existent; le risque de fuite, le risque de collusion avec les tiers et le risque de destruction de preuves», a poursuivi Me André Risopoulos. La chambre du conseil, la juridiction de contrôle de l’instruction et de la détention provisoire, devait rendre sa décision en fin de journée.
Kaili nie les faits
Eva Kaili, 44 ans, déchue à la mi-décembre de ses fonctions de vice-présidente du Parlement européen, compte parmi les quatre personnes écrouées dans ce scandale baptisé «Qatargate», mais dans lequel le Maroc est également cité. Elle est soupçonnée d’avoir perçu de grosses sommes d’argent liquide de la part de puissances étrangères pour influer sur les déclarations et les prises de position au sein du Parlement européen en faveur de ces pays.
Eva Kaili nie toute corruption, ont répété jeudi ses avocats, qui reprochent à la justice belge de lui faire «payer le prix le plus fort» en le maintenant en détention «dans des conditions difficiles». Son avocat grec Michalis Dimitrakopoulos a dénoncé «de la torture» à propos d’une récente «mise à l’isolement pendant seize heures dans une cellule de police» à l’occasion d’une audition. Selon Me André Risopoulos, l’élue grecque emprisonnée n’a pu voir «que deux fois en six semaines son enfant de 23 mois» qu’elle a eu avec son compagnon Francesco Giorgi.
«En train de s’acheter un futur»
Cet assistant parlementaire italien est lui aussi écroué dans cette affaire, tout comme Pier Antonio Panzeri, un ex-eurodéputé socialiste qui fait figure de personnage central et a accepté mardi de collaborer avec la justice en échange d’une peine de prison limitée. «Pier Antonio Panzeri est en train de s’acheter un futur, c’est très bien», a ironisé devant la presse Me André Risopoulos.
L’avocat a estimé que l’ancien élu italien devenu dirigeant d’ONG à Bruxelles cherchait principalement à protéger sa famille, avec ce statut de «repenti» permis par la loi belge. L’épouse et la fille de Pier Antonio Panzeri, qui résident en Italie, sont la cible d’un mandat d’arrêt européen dans l’enquête du juge Michel Claise. Mais elles contestent devant les tribunaux italiens leur remise à la Belgique.