MotocyclismeDucati joue à domicile
Valentino Rossi étant à la retraite… motocycliste depuis la fin de la saison dernière, il devrait y avoir moins de jaune à Mugello. Il y aura, en revanche, forcément beaucoup de rouge.
- par
- Jean-Claude Schertenleib
Le Mugello et sa ligne droite en légère descente. Le Mugello et ses vitesses effrayantes. Le Mugello, terrain idéal pour une démonstration de force des nombreuses Ducati Desmosedici? Sur le papier, oui, bien sûr. Mais le GP d’Italie de ce week-end a tout du piège pour les pilotes de la marque de Borgo Panigale, car il n’y aura logiquement pas assez de places sur le podium pour tous.
Une course clef, spécialement, pour Francesco «Pecco» Bagnaia, après sa nouvelle gaffe du Mans, la seconde de la saison après le GP d’ouverture, au Qatar: «Pour retrouver le plaisir après ma faute du Mans, le Mugello est le meilleur des endroits. Chacun peut commettre des erreurs, ce fut mon cas il y a deux semaines. J’ai eu le temps de réfléchir à pas mal de choses ces derniers jours, on doit toujours apprendre de ses erreurs.» Et qu’a-t-il appris, Bagnaia? «Que, parfois, il était préférable de freiner trop tôt que trop tard…»
Les chaises musicales
La pression est forcément aussi sur les épaules de tous les compagnons de marque du vice-champion du monde, dans la mesure où quatre d’entre eux se retrouvent acteurs du jeu des chaises musicales au sein même de la marque italienne. On fait le point?
À moins d’un retournement de situation de dernière minute, l’Australien Jack Miller va devoir céder son guidon – et le contrat qui va avec – de pilote d’usine. Si l’Australien est en contact avec KTM, le directoire de Ducati aimerait bien le conserver; Miller retrouverait ainsi le team de ses débuts avec la moto italienne (Pramac)… à la place de Jorge Martin – si celui-ci est promu à l’usine, mais son début de championnat ne parle pas en sa faveur. Ou de Johann Zarco qui, pour sa part, pourrait trouver refuge dans le team Gresini à la place d’Enea Bastianini, déjà triple vainqueur cette saison et qui est désormais en pole position pour passer à l’usine. Clin d’œil du conseiller de «Bastia», Carlo Pernat: «D’ici quelques jours, je vais pouvoir annoncer que je prolonge mon propre contrat pour deux ans», rigole le bouillant manager.
Yamaha: nouveau carénage
Avec le Mugello ce week-end et le circuit Catalunya dans une semaine, les pilotes ont devant eux deux circuits très rapides. Donc, théoriquement – on se rappelle pourtant que, l’an dernier, c’est bien lui qui s’était imposé en Italie – compliqués pour la Yamaha de Fabio Quartararo: «Yamaha a apporté un nouveau carénage, que j’essaierai vendredi matin», explique le champion en titre. Qui rappelle à chaque occasion sa propre réalité: «Pour nous, les courses se décident lors des qualifications – il est essentiel d’être placé sur l’une des deux premières lignes de la grille de départ – et dans le premier tour; car ensuite, il nous est tout simplement impossible de dépasser. Les Ducati, mais aussi les Aprilia.»
La phrase du jour: Massimo Rivola
«Stabilité signifie performances»: le patron d’Aprilia, Massimo Rivola, a prolongé les contrats d’Aleix Espargaró et de Maverick Viñales pour ces deux prochaines saisons. Quid d’un éventuel team «satellite», un des vœux d’Aleix Espargaró? «Si une bonne opportunité se présente, nous la saisirons. Ce qui est certain, c’est que la réponse, qu’elle soit positive ou négative, tombera très rapidement», ajoute le patron.
Rossi-Biaggi: le duel se poursuit
Ils ont été de grands adversaires sur la piste, des «ennemis» en coulisses: Valentino Rossi et Massimiliano Biaggi ne partiront jamais en vacances ensemble, mais il se trouve que, ce week-end, ils s’affrontent une nouvelle fois. Pas en MotoGP, bien sûr, mais dans la catégorie des honneurs: vendredi à 12 h 30, «Max» Biaggi sera ainsi promu légende du MotoGP (le Hall of fame de la moto) et samedi, à 12 h 20, le numéro 46 de Valentino Rossi sera officiellement retiré pour toujours. Dimanche, avant la cérémonie protocolaire et l’hymne national italien, Biaggi devrait couvrir un tour du circuit toscan avec une Aprilia (la marque de trois de ses quatre titres mondiaux en 250 cm3).
MotoE: faute interdite
Dominateur de la première partie de saison en mondial supersport (six courses, cinq victoires et une deuxième place), Dominique Aegerter retrouve la MotoE ce week-end, une catégorie dont il s’est aussi emparé de la tête du championnat il y a deux semaines, après sa victoire dominicale au Mans.
C’est la première fois que les motos électriques se présentent sur le circuit du Mugello, long (5245 mètres) et, surtout, avec des dénivellations importantes, donc gourmandes en énergie. Conséquence: les deux courses – la première samedi, à 16 h 25; la seconde dimanche, à 15 h 30 – ne se joueront que sur six tours: «Dans cette catégorie, la moindre erreur se paie cash», rappelle Aegerter.
C’est dire qu’en plus de s’adapter – chaque semaine à ce stade de l’année -, à une moto différente, le pilote de Rohrbach doit aussi, mentalement, se mettre en mode course (presque) normale pour le supersport et en mode course sprint pour la MotoE. Précision: l’annulation, officialisée mercredi, du GP de Finlande prévu le week-end des 9 et 10 juillet, permettra à «Domi» de s’offrir un week-end «off» (la Coupe F.I.M. MotoE était programmée sur le circuit du Kymi-Ring).