Football2G ou pas, le football suisse n’a pas encore tranché
Au moment où les clubs de hockey ont franchi le pas en imposant la règle «vacciné ou guéri», ceux de Swiss Football League ne se sont pas encore prononcés, certains préférant jouer la montre. Explications.
- par
- Nicolas Jacquier
Le football va-t-il emboîter le pas au hockey? Ses clubs vont-ils à leur tour devoir «trier» les gens vaccinés et guéris de ceux qui ne le sont pas, et seraient de la sorte discriminés?
Après la décision de la Ligue Suisse de hockey d’imposer le 2G («geimpft» pour vacciné, «genesen» pour guéri) à l’entrée des patinoires, la Swiss Football League se retrouve acculée. À Berne, au siège de la SFL, rien n’a encore été officiellement décidé mais on voit mal comment pouvoir - à moyen terme sinon avant - se soustraire à cette nouvelle contrainte. «Je peux m’imaginer que les clubs accepteront majoritairement la règle des 2G», souffle Philipp Guggisberg, son porte-parole.
Lausanne «à 99%» dès ce week-end
Si le principe en est plutôt admis, souvent à corps défendant, reste à savoir quand l’introduire. Lausanne y est favorable tout de suite, dès la réception du FC Zurich samedi. «À 99%, confirme Vincent Steinmann, vice-président du LS, on va passer en 2G. On n’a sinon aucune garantie de contrôler que tous les gens soient masqués et mangent à leur place dans le secteur debout.» Mardi, un rapide sondage effectué par le club de la Tuilière a démontré que 80% de ses abonnés validaient cette nouvelle donne.
À Genève, Servette, qui doit accueillir Bâle le lendemain, se rangera derrière l’avis du Conseil d’État, attendu ce mercredi. «Quoi qu’il advienne, on s’adaptera comme on s’est déjà adapté depuis deux ans», observe Loïc Lüscher, responsable de la communication, militant, au-delà du cas «grenat», pour une solution concertée. «Il faut que tout le monde joue avec les mêmes règles».
À la Maladière, Jean-François Collet souhaite pour sa part garder la main et un droit de regard. «Il est bien que chaque club puisse décider par lui-même, en fonction aussi de la région, explique le patron de Xamax. On va s’adapter. La 2G possède l’avantage de ne pas imposer à tout le monde de porter le masque…» Le cas échéant, le club neuchâtelois pourrait la généraliser pour la venue de Thoune déjà.
Alors qu’il reste deux journées à disputer avant Noël, d’autres clubs préféreraient calmer le jeu et attendre la pause avant de se déterminer. «Tout changer pour un seul match à domicile paraît disproportionné», répètent des responsables partisans du statu quo. Mais si la situation sanitaire continuait à se dégrader, peut-être n’auront-ils guère le choix…
À la croisée des chemins
Ces très probables nouvelles restrictions d’accès interviennent alors que se discute déjà l’introduction des billets nominatifs. Une mesure destinée à lutter contre la violence banalisée dans les stades et imposée sous la pression des directrices et directeurs des départements cantonaux de justice et police (CCDJP). La décision pourrait tomber dès ce vendredi.
Entre généralisation attendue de la 2G, billets nominatifs voire suppression du secteur visiteurs, le football suisse, confronté à des choix cornéliens, se retrouve à la croisée des chemins. Président du FC Sion, Christian Constantin plaide pour une harmonisation des mesures. «Il faut que la politique dicte le jeu, estime-t-il. S’il n’y a pas de responsabilités de l’État, chacun va se retrouver seul dans son coin à instaurer ses propres règles et ça n’ira pas…»