LogementLa gauche giflée dans sa lutte contre la hausse des loyers
Le National a refusé toutes les propositions du PS et des Verts pour lutter contre la hausse des loyers. Il s’est contenté d’adopter un postulat du Centre qui veut faire payer les recours à des projets de construction.
- par
- Christine Talos
Après la hausse des primes de mardi, le National s’est penché mercredi sur celle des loyers, ceci, dans une session extraordinaire consacrée au logement. Tous les partis se sont accordés sur le constat d’une pénurie – il manquera 50’000 logements d’ici à 3 ans – et que les loyers pèsent lourdement sur le pouvoir d’achat, ce d’autant plus avec la hausse du taux hypothécaire en juin dernier. Mais la gauche, qui proposait quatre motions pour remédier à la situation, a reçu une gifle. Toutes ses propositions ont été refusées.
Ainsi, Jacqueline Badran (PS/ZH) a rappelé «qu’en Suisse, les locataires étaient des vaches à lait par excellence», puisqu’ils payaient 10 milliards de loyers en trop par année – soit 370 francs par ménage et par mois – ceci, en raison des rendements abusifs des propriétaires. Elle voulait donc introduire un contrôle des loyers ponctuels. Motion balayée.
Pas de moratoire
Christian Dandrès (PS/GE), membre de l’Asloca, voulait, lui, introduire un moratoire sur les hausses de loyer abusives. Les loyers n'ont fait que croître depuis 2008, alors que la faiblesse des taux hypothécaires aurait dû les faire baisser, a-t-il expliqué. Refusé aussi. Il demandait également des mesures urgentes pour stopper l’explosion des primes. En vain. Quant aux Verts, ils réclamaient d’appliquer ce que prévoit déjà la loi pour encourager les loyers abordables, ce qui n’est le cas qu’à moitié, selon eux. «Il n’est pas possible d’avoir une loi sur le logement et de ne pas l’appliquer dans une situation comme aujourd’hui», a plaidé Balthasar Gättli (Verts/ZH). Sans succès.
L’UDC a elle estimé que c’était la faute des requérants d’asile et des immigrants trop nombreux si les Suisses peinaient à trouver un logement. Du coup, elle proposait d’interdire les expulsions de locataires pour loger des requérants, comme certains l’ont vécu en Suisse alémanique. Sans surprise, seuls ses membres ont approuvé cette idée.
Frais de procédure à la charge des recourants?
Au final, la seule proposition qui est passée, tacitement, est celle de Leo Müller (C/LU). L’élu demandait dans un postulat que Berne examine la possibilité de faire peser sur les recourants un risque modéré de payer des frais de procédure en cas d’opposition (perdue) à un projet de construction. «L’opposition est devenue de plus en plus un moyen pour un voisin de retarder le plus longtemps possible la réalisation d’un projet qui lui déplaît», a-t-il lancé, en rappelant que la construction de milliers d’appartements était bloquée par des oppositions.
Un postulat qui avait l’aval du ministre de l’Économie, Guy Parmelin. Mais il a prévenu: «Le droit d'opposition signifie le droit d'être entendu, il ne faut pas qu’il soit dissuasif pour des raisons financières.»
Le Vaudois en a profité pour lancer un coup de gueule envers la gauche et la droite accusées de refuser tout compromis sur la question des loyers malgré les efforts du Conseil fédéral. «Pour arriver à trouver des majorités dans ce parlement, il faut une attitude constructive», a-t-il critiqué. «Le Conseil fédéral est prêt à jouer un rôle actif, mais cela ne sert à rien si personne ne veut le suivre», a-t-il conclu, en rappelant qu’une nouvelle table ronde était prévue sur les loyers au premier semestre 2024.