FootballPrêt à rebondir, Joël Kiassumbua rétablit certaines vérités
Le gardien de la République démocratique du Congo, sans club depuis une année et son départ de Servette, a réagi aux fausses rumeurs le concernant. Il s’est aussi confié sur sa situation personnelle.
- par
- Chris Geiger
Le 1er juillet 2021, l’aventure à Servette de Joël Kiassumbua (30 ans) prenait fin. Près d’une année après son départ de la Praille, l’ancienne doublure de Jérémy Frick – 15 matches disputés avec les Grenat en trois saisons – n’a toujours pas retrouvé de l’embauche.
Privé d’une passion – et accessoirement d’un métier – qu’il pratique depuis ses 17 ans, l’international congolais (23 sélections avec la RDC) est forcément le premier à être «dérangé et énervé» par cette situation. L’ancien portier de Wohlen et Lugano n’avait donc pas franchement besoin des fausses rumeurs lancées depuis deux mois par les médias de son pays.
Ces derniers, pour justifier cette période prolongée d’inactivité, assurent que le champion du monde M17 avec l’équipe de Suisse, en 2009, travaille dans une boulangerie en Suisse. Une «information» fausse, archi-fausse même.
Manque de respect
«Je ne sais pas d’où viennent ces rumeurs ridicules, explique d’entrée le principal intéressé. Tout ce que je sais, c’est que certains journalistes africains, qui ont pourtant des devoirs, ont sorti des conneries sur moi. Je les ai démenties afin de mettre les choses au clair. Je trouvais important de rétablir la vérité car certaines personnes ne lisent que les médias congolais et peuvent croire de telles bêtises. Ces dernières peuvent salir mon image, alors qu’en réalité j’ai énormément travaillé au cours de cette dernière année. Je trouve d’ailleurs que ces rumeurs constituent un manque de respect par rapport à mon investissement personnel réalisé au quotidien et par rapport à ce que j’ai apporté à la sélection.»
Logiquement, le portier des Léopards ne souhaite pas «que les gens s'imaginent que j’ai mis un terme à ma carrière», lui qui aspire à retrouver un club le plus rapidement possible. «Je n’ai que 30 ans et de nombreuses années devant moi, rappelle-t-il. Je rentre dans mes meilleures années: je suis plus que motivé!»
Le Lucernois, 21 matches de Super League et 103 rencontres de Challenge League au compteur, est conscient que la période actuelle est à nouveau propice pour les négociations.
«Mon objectif immédiat est évidemment de signer un contrat, s’exclame Joël Kiassumbua. On est au début du mercato, les choses commencent à bouger petit à petit. À mon poste, il suffit qu’un gardien soit transféré pour que le carrousel commence à bouger. Il y a des options qui semblent se dégager et on est actuellement en discussion avec plusieurs clubs, en Suisse comme à l’étranger. Mais, pour l’heure, rien n’est signé, ni décidé.»
Malgré sa situation peu enviable, l’ancien Servettien impressionne par son calme et sa sérénité. Il possède surtout cette rare qualité de tirer le positif là où, à première vue, il n’y en a pas.
«Lorsque j’avais 21 ans, j’avais déjà connu plusieurs mois sans club avant de rejoindre Wohlen, dit-il, en référence à l’année 2012. Je connaissais donc déjà cette situation, même si j’étais bien plus jeune. À cette époque, je n’avais jamais joué en professionnel et je ne connaissais pas vraiment le milieu du football. Désormais, j’ai 30 ans et les deux pieds bien ancrés dans ce monde. Grâce à ce vécu, j’ai confiance en moi et en mes capacités. J’ai d’ailleurs toujours gardé un état d’esprit positif au cours de cette année sans club. Je pense même que cette dernière m’a beaucoup aidé et m’a permis de progresser mentalement, surtout lorsqu’on repense à ces contrastes extrêmes. J’étais sans club, mais je jouais en sélection et je réalisais les meilleures performances de ma carrière.»
Titulaire en sélection
Car il est bien là, tout le paradoxe de l’année vécue par Joël Kiassumbua. Installé à Zurich avec son épouse depuis son départ de Servette l’été dernier, le portier formé à Lucerne s’est entraîné seul la plupart du temps. Ou sous les ordres d’un entraîneur de gardiens. Il a également parfois intégré des clubs amateurs pour «travailler certains points spécifiques», mais c’est uniquement lorsqu’il était convoqué en équipe nationale qu’il retrouvait une véritable vie de groupe.
«C’est vrai que la situation était différente par rapport aux autres années, concède-t-il. Mais j’ai su démontrer de quoi j’étais capable et prouver à beaucoup de clubs que je pouvais être performant, professionnel et en forme, même sans club. Le fait que le sélectionneur Hector Cuper ait décidé de me laisser titulaire malgré ma situation veut aussi dire quelque chose. Il m’a fait confiance et ça nous a permis de nous qualifier pour les barrages de la Coupe du monde qu’on a malheureusement perdus (ndlr: en mars dernier face au Maroc).»
Le regard tourné vers l’avenir, le gardien des Léopards, qui a conservé sa «routine» au quotidien et enchaîné les sessions d’entraînement, rêve désormais de rééditer les performances réalisées sur la scène internationale avec un maillot d’un club sur les épaules.