NicaraguaSoutien des USA aux Contras: Managua exige des dédommagements
Managua estime que Washington, qui a soutenu la guérilla antisandiniste dans les années 1980, a «une dette historique» envers le Nicaragua, chiffrée à plus de 12 milliards de dollars.
Le Nicaragua a déposé mardi une plainte auprès de l’ONU contre les États-Unis pour leur refus d’exécuter un arrêt de la Cour internationale de justice (CIJ) qui les avait condamnés à indemniser Managua pour leur soutien aux Contras, la guérilla antisandiniste, dans les années 1980.
Le ministre des Affaires étrangères nicaraguayen, Denis Moncada, a remis une lettre au secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres dans laquelle il soutient que Washington a «une dette historique» envers Managua, qu’il a chiffrée à plus de 12 milliards de dollars.
Le 27 juin 1986, la CIJ de La Haye avait condamné les États-Unis pour les dommages causés par les «activités militaires et paramilitaires» menées dans le pays d’Amérique centrale pour déstabiliser le gouvernement sandiniste, et notamment pour avoir miné des ports et des installations pétrolières.
À la suite de cet arrêt, les États-Unis s’étaient retirés de la CIJ. Ils avaient également opposé leur véto à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant qu’ils obéissent au jugement de la Cour.
«Il s’agit d’un arrêt en vigueur, auquel le Nicaragua n’a à aucun moment renoncé au profit des États-Unis, pour verser les compensations que la Cour internationale de justice a ordonnées», a affirmé le Denis Moncada.
50’000 morts
En 1979, les marxistes du Front sandiniste de libération nationale (FSLN) avaient renversé le dictateur Anastasio Somoza et pris le pouvoir au Nicaragua. Le président américain de l’époque, Ronald Reagan, inquiet de l’alignement de Managua sur Cuba et l’Union soviétique, avait alors signé une directive secrète autorisant la CIA à apporter une aide de 20 millions de dollars aux Contras, les contre-révolutionnaires nicaraguayens. La guerre civile, qui s’est terminée en avril 1990, a fait quelque 50’000 morts dans le pays.
«Nous avons le devoir, l’obligation de continuer à exiger que l’arrêt soit exécuté», a déclaré le président nicaraguayen Daniel Ortega mardi au cours d’une cérémonie à Managua. «Lorsque nous avons envisagé de poursuivre les États-Unis devant la Cour, même des pays frères, des pays amis, nous ont dit: +c’est une affaire perdue+», a rappelé Daniel Ortega, qui avait gouverné pour la première fois le Nicaragua dans les années 1980.
Après sept ans dans l’opposition, Daniel Ortega était revenu au pouvoir en 2007 et a toujours été réélu depuis, lors de scrutins contestés par l’opposition. L’Union européenne et les États-Unis ont imposé de nombreuses sanctions au Nicaragua et à des personnalités du régime ces quatre dernières années, invoquant notamment des violations des droits humains.