QATAR 2022: José Sinval: «Le Brésil aurait tort de ne pas se méfier de la Suisse»

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QATAR 2022José Sinval: «Le Brésil aurait tort de ne pas se méfier de la Suisse»

À 55 ans, l’ancien artiste du Servette est le plus Suisse des Brésiliens. Il parle du choc de ce lundi, des conséquences de l’absence de Neymar et de l’attente d’une sixième étoile pour la Seleção, privée de titre depuis 2002.   

Nicolas Jacquier
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Nicolas Jacquier
Martigny, le 23 mai 2018, Jose Sinval, ancien joueur de football professionnel, pose avec des accessoires du Brésil, son pays natal Photo Le Matin/Maxime Schmid

Martigny, le 23 mai 2018, Jose Sinval, ancien joueur de football professionnel, pose avec des accessoires du Brésil, son pays natal Photo Le Matin/Maxime Schmid

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Quand on l’a joint l’autre jour dans sa maison de Bebedouro (85’000 habitants), dans l’état de São Paulo, il faisait déjà 32 degrés à 10 h du matin. Et José Sinval, comme des millions de ses compatriotes, était suspendu à l’état de la cheville droite de Neymar, sorti la veille en pleurs contre la Serbie. «On ne parle que de cela à la TV, les images de ce psychodrame national tournent en boucle. Je pense que Neymar sera préservé en vue des matches à élimination directe…»

Confirmation quelques minutes plus tard, avec l’annonce du forfait du joyau de la Seleçao pour le match de ce lundi contre la Suisse. Pas forcément une bonne nouvelle pour les joueurs de Murat Yakin à entendre l’ancien enchanteur des Charmilles, qui distilla son talent sous le maillot du Servette pendant près d’une décennie (jusqu’en 1995). «Autant en raison de son style que de son charisme, Neymar est certes irremplaçable. Mais son absence peut paradoxalement libérer le Brésil. Quand il joue, Neymar focalise bien sûr l’attention, tout se concentre sur lui. Mais il a parfois tendance à ralentir le jeu. Pour moi, le Brésil peut même être plus fort sans lui.»

«Je n’ai pas besoin d’un passeport à croix blanche pour me considérer comme Suisse, sauf quand mon pays d’adoption joue contre le Brésil!»

José Sinval

Incorporé au staff technique du FC Sion depuis plusieurs années, le plus Suisse des Brésiliens prépare ces jours-ci les festivités entourant son deuxième mariage (12 décembre). «Cela fait 37 ans que je vis en Suisse, reprend notre interlocuteur. Je n’ai pas besoin d’un passeport à croix blanche pour me considérer comme Suisse, sauf quand mon pays d’adoption joue contre le Brésil!»

Au pays divisé de Lula, la quête d’une sixième étoile nourrit les discussions et rassemble. «Le Brésil attend la Coupe. Pour tout le monde, c’est le moment de ramener ce trophée à la maison.» Sinval a vu ce dont sa Seleção était capable, mais il sait aussi combien la Suisse peut s’avérer dangereuse et difficile à manœuvrer. «Pour beaucoup de mes compatriotes, la Suisse se résume encore par méconnaissance aux banques et au chocolat. Tous mes amis pensent d’ailleurs que cela va être facile contre la Suisse. Ils ne voient pas les progrès du football helvétique. Je les mets en garde, le Brésil aurait tort de ne pas se méfier de la Suisse.»

Un double pronostic

L’ancien artiste du SFC a suivi les progrès de la joyeuse troupe de Yakin. «Même si son premier match contre le Cameroun a été quelque peu bizarre par moments, la Suisse, c’est vraiment pas mal. C’est une formation difficile à bouger. Pour le Brésil, c’est un vrai match piège. Il convient de se méfier. Quand l’on joue contre la Suisse, il y a souvent des surprises.» Quatre ans après le rendez-vous Rostov-sur-le-Don en Russie (1-1), Behrami n’est plus là, tandis que Neymar soigne sa cheville.

«Je me retrouve dans ce Brésil de 2022 parce que j’ai cette même mentalité. Je n’étais pas un joueur qui aimait garder le ballon. Je provoquais, j’allais au duel.»

José Sinval

Attendu à mi-décembre en Valais pour y retrouver Fabio Celestini et le FC Sion, notre interlocuteur aurait-il aimé jouer dans ce Brésil de 2022? «Oui, parce que c’est un Brésil plus brésilien que certaines équipes par le passé. C’est un Brésil qui va vite, alliant vitesse et technique. Je m’y retrouve parce que j’ai cette même mentalité. Je n’étais pas un joueur qui aimais garder le ballon. Je provoquais, j’allais au duel…»

On ne peut quitter José Sinval sans lui demander son pronostic sur l’issue du choc de ce lundi. «Je vois assez une courte victoire brésilienne sur le score de 2-1.» Avant de se reprendre et de nous confier, amusé. «Mais si je me trouvais en Suisse, je vous dirais un court succès helvétique sur le score de 2-1.» A 55 ans, c’est certain, l’artiste n’a rien perdu de son art consommé du dribble.

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