Colline du Mormont (VD)Holcim pourra creuser mais devra reboucher le gouffre
Un récent arrêt du Tribunal fédéral autorise l’extension de la carrière à Eclépens, à condition que le trou soit comblé, une fois l’exploitation terminée.
«Pour nous, c’est une demi-victoire, on pensait bien qu’on perdrait une partie du terrain, mais les mesures de renaturation qui ont été décidées seront plus drastiques», réagit Alain Chanson, président de l’Association pour la Sauvegarde du Mormont (ASM), à l’arrêt du Tribunal fédéral (TF) du 21 décembre dernier. Le recours visant le plan d’extraction et le permis d’exploiter la carrière, déposé en mai 2020 par les associations Helvetia Nostra, Pro Natura et l’ASM, a été partiellement admis. Bien que le projet portera «une atteinte considérable au paysage», le TF considère que «l’exploitation est d’intérêt national». C’est pourquoi il autorise le cimentier Holcim à poursuivre l’extension de la carrière du Mormont sur le périmètre de la Birette à Eclépens (VD). Mais à une condition: que le gouffre creusé soit comblé à la fin de l’exploitation. Le Canton devra donc tenir compte de ces éléments de remise en état.
Le cimentier est satisfait
De son côté, le cimentier Holcim s’est dit «très satisfait de cette décision positive et de la reconnaissance par le Tribunal fédéral de l’importance toute particulière de notre site d’extraction de calcaire au Mormont». François Girod, co-directeur de la cimenterie d’Eclépens, ajoute qu’Holcim comptait sur cette décision pour poursuivre des «projets axés sur l’économie circulaire et la décarbonation», jusque-là suspendus, dans le but d’atteindre «les objectifs environnementaux ambitieux que nous nous sommes fixés».
Impact sur la nature
Les trois associations de défense de la nature s’inquiètent, elles, de l’impact sur la faune et la flore: «La nouvelle tranchée de plusieurs centaines de mètres produira un manque considérable dans la zone protégée. La balafre prendra la forme d’un gigantesque trou supplémentaire de 200m de large sur 600m de long et 70m de profondeur.»
Une initiative court toujours
Des représentants de plusieurs partis politiques et associations avaient lancé l'initiative cantonale «Sauvons le Mormont», qui a abouti en juin 2022. Les trois ONG rappellent que celle-ci doit être soumise au vote dans les deux ans, ou dans les trois ans si le Grand Conseil l'approuve ou lui oppose un contre-projet.