Putsch en Guinée - Un chef de l’opposition s’oppose à des sanctions africaines

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Putsch en GuinéeUn chef de l’opposition s’oppose à des sanctions africaines

Cellou Diallo, ancien premier ministre de Guinée, a appelé les États d’Afrique de l’Ouest à ne pas infliger de sanctions au pays après un putsch «bienvenu».

Des soutiens de la junte militaire, devant le palais du peuple à Conakry samedi, qui a pris le contrôle en Guinée.

Des soutiens de la junte militaire, devant le palais du peuple à Conakry samedi, qui a pris le contrôle en Guinée.

AFP

Le chef de file de l’opposition au président guinéen Alpha Condé, renversé par les militaires, a appelé samedi la Communauté des États ouest-Africains à ne pas imposer de sanctions économiques à son pays après le putsch, un événement «bienvenu» faute d’autre recours.

Cellou Dalein Diallo, ancien premier ministre (2004-2006) et candidat malheureux aux présidentielles de 2010, 2015 et 2020 contre Alpha Condé, a aussi estimé dans un entretien avec l’AFP que les organisations africaines avaient perdu trop de crédibilité dans les contextes malien et tchadien pour empêcher le chef des putschistes de diriger une période de transition.

L’ancien premier ministre Cellou Diallo chez lui à Conakry samedi.

L’ancien premier ministre Cellou Diallo chez lui à Conakry samedi.

AFP

Alpha Condé a été déposé le 5 septembre par un coup d’État mené par le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya. Les militaires ont dissous les institutions et aboli la Constitution qu’avait fait adopter Alpha Condé en 2020 et qu’il avait invoquée pour se présenter à un troisième mandat, malgré des mois de contestation réprimée dans le sang.

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a suspendu la Guinée de ses organes mercredi, exigeant la libération de Condé et le «retour immédiat à l’ordre constitutionnel». Elle s’est gardée de sanctions économiques, adoptées en août 2020 après le putsch chez le voisin malien, en attendant le rapport d’une mission dépêchée en Guinée vendredi.

Cellou Diallo s’est dit opposé à des sanctions ouest-africaines. «L’implication de l’armée pour mettre fin à un mandat illégal et illégitime était pour moi une décision bienvenue. La junte ne mérite pas d’être sanctionnée parce qu’elle a mis fin à une situation de non-droit», a dit M. Diallo.

Cellou Diallo dit avoir gagné la présidentielle, mais avoir été spolié de sa victoire par la tricherie. «Il n’y avait plus, pratiquement, de recours», a-t-il dit. «Si vraiment (la junte) s’engage résolument à aller vers l’ordre constitutionnel en organisant des élections libres et transparentes dans un délai raisonnable, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de la sanctionner», a-t-il déclaré.

Les militaires ont promis une concertation en vue d’une «transition» politique et la formation d’un gouvernement d’union.

Au Mali, la CEDEAO s’était initialement opposée à ce que la transition soit dirigée par un militaire, et avait imposé la nomination d’un civil. Le chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta, a mené un nouveau coup d’État en mai pour s’imposer comme le président de la transition.

Au Tchad, au lendemain de la mort du maréchal Idriss Déby Itno le 20 avril, une junte emmenée par son fils a annoncé prendre le pouvoir.

«Qui, sinon les militaires?»

Cellou Diallo a dit n’avoir «pas d’objection à ce que le colonel Doumbouya puisse diriger la transition avec la société civile».

«Depuis l’exception tchadienne et malienne, l’Union africaine et la CEDEAO (…) se sont décrédibilisées fortement. C’est très difficile de vouloir imposer au colonel Doumbouya un président civil, mais ce serait souhaitable que le premier ministre soit un civil», a-t-il dit.

Lui-même est prêt à désigner des personnes pour participer à un gouvernement en cas d’accord sur les termes d’une transition, mais pas à y participer lui-même. Il compte se présenter à la future présidentielle, s’il est investi par son parti, l’Union des forces démocratiques de Guinée.

Quant à une libération d’Alpha Condé, il a dit que c’était à la junte d’en décider. Mais il a répondu par l’affirmative sur une capacité de nuisance que conserverait Alpha Condé s’il était relâché. «Connaissant M. Alpha Condé, je ne suis pas sûr qu’il puisse rester tranquille», a-t-il dit.

Un autre opposant à Alpha Condé, Sidya Touré, également ex-premier ministre (1996-1999) et président de l’Union des forces républicaines, est rentré samedi de dix mois d’exil en Côte d’Ivoire, où il s’était réfugié pour échapper aux tentatives des forces de sécurité de l’enlever, a-t-il dit à l’AFP.

Lui aussi a salué la fin du régime Condé: «On ne peut pas ne pas saluer le départ d’Alpha. Est-ce que quelqu’un d’autre pouvait le faire si ce n’est pas les militaires?» Il a exprimé son inquiétude devant l’éventualité d’une libération d’Alpha Condé: «ça peut représenter une menace pour la Guinée», a-t-il prévenu.

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