Guerre en UkraineAprès le «génocide» de Boutcha, l’UE prévoit des sanctions contre Moscou
Les Européens, révoltés par les images de cadavres retrouvés dans les environs de Kiev, élaborent un alourdissement des sanctions contre Moscou, accusé de «génocide» en Ukraine.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a fustigé les «meurtriers, tortionnaires, violeurs, pilleurs» russes, après le retrait russe de Boutcha, dans la banlieue nord-ouest de Kiev, et la découverte sur place d’un grand nombre de corps de civils dans des fosses communes ou dans les rues. La diffusion de ces images a révulsé les Occidentaux et l’Union européenne (UE) discutait, lundi matin, en «urgence» de nouvelles sanctions contre Moscou, réclamées notamment par la France et l’Allemagne, a indiqué le haut représentant de l’UE, Josep Borrell.
Le nombre total de morts reste encore incertain. Selon la procureure générale d’Ukraine, Iryna Venediktova, les corps sans vie de 410 civils ont été retrouvés dans les territoires de la région de Kiev récemment repris aux troupes russes, qui s’en sont retirées pour se redéployer vers l’est et le sud.
L’AFP a vu, samedi, les cadavres d’au moins 22 personnes portant des vêtements civils dans des rues à Boutcha, tuées d’«une balle dans la nuque», aux dires du maire, Anatoli Fedorouk. Moscou a démenti toute exaction de son fait et annoncé, lundi, qu’elle allait enquêter sur une «provocation» visant à «discréditer» les forces russes en Ukraine. La Russie a même demandé une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU pour statuer sur les «provocations haineuses» commises, selon elle, par «des radicaux ukrainiens» à Boutcha.
Kiev veut des sanctions «dévastatrices»
Le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les Affaires humanitaires, le Britannique Martin Griffiths, est arrivé dimanche soir à Moscou, et devait se rendre à Kiev, mandaté pour rechercher un cessez-le-feu humanitaire en Ukraine. Jusqu’à présent, la Russie refusait toute visite d’un haut responsable de l’ONU ayant l’Ukraine pour sujet principal.
Les Occidentaux veulent désormais adopter de nouvelles mesures contre Moscou, après avoir déjà acté plusieurs trains de sanctions depuis le 24 février, et le début de l’invasion russe, ciblant massivement des entreprises, des banques, des hauts responsables, des oligarques, et interdisant l’exportation de biens vers la Russie.
Quelles sanctions? Le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, a cadré ses attentes dans un tweet: «J’exige de nouvelles sanctions dévastatrices du G7 MAINTENANT: embargo sur le pétrole, le gaz et le charbon, fermer tous les ports aux navires et marchandises russes, déconnecter toutes les banques russes de SWIFT».
Pression sur les hydrocarbures
La pression porte ainsi notamment sur les hydrocarbures, importante ressource financière pour la Russie. Dès samedi, les États baltes avaient annoncé la cessation de leur importation de gaz russe, et le président lituanien, Gitanas Nauseda, avait appelé le reste de l’UE à les suivre. Les pays baltes sont désormais desservis par des réserves de gaz stockées sous terre en Lettonie.
Les États-Unis ont interdit l’importation de pétrole et de gaz russes peu après l’invasion de l’Ukraine, mais pas l’UE, qui s’approvisionnait en Russie à hauteur de 40% environ en 2021.
Du côté de Moscou, on anticipe déjà un éventuel alourdissement des sanctions. «Tôt ou tard, nous devrons établir un dialogue, que quelqu’un outre-Atlantique le souhaite ou non», a toutefois souligné le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.