FootballTrois questions pour préparer Suisse – Andorre
Qu’est-ce que la Suisse doit changer avant la rencontre de mardi (20h45) à Sion? L’équipe nationale doit en tout cas tout faire pour hausser son niveau de jeu.
- par
- Valentin Schnorhk Sion
Puisqu’il ne doit plus y avoir de polémiques, après que Murat Yakin a essentiellement relativisé les déclarations faites par Granit Xhaka après le match nul (2-2) contre le Kosovo samedi, il doit y avoir du jeu. L’équipe de Suisse doit retrouver son allant mardi (20h45) contre Andorre.
Sauf que cela ne se décrète pas. De fait, le sélectionneur doit faire des choix, et doit impulser un autre élan, histoire de ne pas s’enliser. Et de ne pas créer une incertitude qui n’a pas lieu d’être.
Qu’est-ce que la Suisse doit changer?
Au Kosovo, Murat Yakin s’est-il trompé? Autrement dit, aurait-il dû penser sa composition d’équipe différemment? Compte tenu du groupe à disposition, difficile de faire beaucoup de choses différentes. Bien sûr, Edimilson Fernandes n’est pas un excellent latéral droit d’une défense à quatre, mais il est le seul à peu près capable d’occuper ce rôle, vu la façon dont a construit sa liste.
Peut-être aussi que Fabian Schär n’offre pas autant de garanties que Nico Elvedi en défense centrale, mais il n’y avait rien de choquant à ce que Yakin préfère un titulaire à Newcastle à un joueur qui n’a quasi-pas joué jusqu’ici cette saison.
Autre point de discorde: le positionnement de Granit Xhaka, plutôt en relayeur gauche, laissant la place devant la défense à Denis Zakaria. C’était déjà le cas lors des quatre premiers matches de l’année et si cela n’avait pas convaincu, cela n’avait pas été pour autant catastrophique. D’autant plus qu’à Pristina, Xhaka a finalement beaucoup accompagné Zakaria à la construction, dans ce qui ressemblait parfois plus à un double pivot qu’un véritable triangle à pointe basse.
Y aura-t-il donc des changements mardi? «Il y aura une ou deux rotations, afin d’apporter de la fraîcheur et de pouvoir mettre la pression nécessaire sur l’adversaire», a répondu Yakin lundi. Où peut-on les trouver? À l’entraînement, lundi, avant d’évacuer la presse, la distribution des dossards a autorisé la spéculation. Ce que l’on a vu? Les possibles titularisations d’Elvedi, Steffen et Itten, alors que Schär, Fernandes et Zakaria n’étaient parmi l’équipe qui se dégageait.
Il s’agit maintenant de l’interpréter. Est-ce à dire que Steffen jouera au poste de latéral droit? Que la Suisse s’alignera dans une forme de 4-4-2 avec une paire Amdouni-Itten devant? Ou alors qu’il y aura une défense à trois, avec Vargas et Steffen sur les côtés? À moins que – théorie plausible – Yakin ait seulement voulu brouiller les cartes.
Seule certitude jusqu’ici: Yvon Mvogo fêtera sa 5e sélection, la première depuis juin 2021. En effet, en l’absence de Gregor Kobel (légèrement blessé) et étant convenu que Yann Sommer ne dispute qu’un seul match durant ce stage, c’est le Fribourgeois qui en bénéficiera.
L’équipe probable: Mvogo; Steffen, Elvedi, Akanji, Rodriguez; Shaqiri, Freuler, Xhaka, Vargas; Amdouni, Itten.
Le scénario de l’horreur est-il envisageable?
Il faut faire un effort de contrition. Dans ce Groupe I qui est d’une indéniable facilité, la Suisse parvient à s’inquiéter un petit peu, même après avoir remporté ses trois premiers matches. Genre: il y aurait un scénario catastrophique envisageable.
Qu’on se rassure, il faudrait un sacré concours de circonstances pour que tout dérape. Il faudrait par exemple que l’équipe nationale s’arrange pour ne pas gagner contre Andorre ou, pire, qu’elle finisse par perdre mardi. Déjà, cela tient de l’improbable. Même si dans la pire des éventualités, la Suisse pourrait abandonner sa première place.
Cela serait surtout déshonorant. Mais avec deux qualifiés pour l’Euro 2024 au final, il faudrait s’arranger pour que tant la Roumanie qu’Israël devancent l’équipe nationale à la fin de l’automne. Cela induirait tout de même une deuxième partie de qualifications désastreuse, avec aucune victoire en Israël et contre la Biélorussie en octobre, puis de même face au Kosovo et en Roumanie en novembre.
Pas de raison de croire à cette théorie. La Suisse a beau être tourmentée par des histoires internes et avoir été franchement décevante au Kosovo samedi, elle a trop de qualités pour se tendre au moment de recevoir la piètre équipe d’Andorre, 154e au classement FIFA. Qu’elle ne gagne pas mardi serait une immense contre-performance. Or, la Suisse reste une sélection très compétitive.
La clé du match: comment mettre plus de rythme?
La Suisse ne peut pas s’enliser dans des schémas sans idée mardi. Elle sait déjà qu’elle aura le ballon, parce qu’elle l’a à chacun des matches dans le cadre de cette campagne de qualification. C’est la qualité de l’adversaire qui veut ça: l’équipe nationale est à chaque fois favorite.
Contre Andorre, elle devra faire bien mieux qu’au Kosovo, où elle a peiné à créer du déséquilibre à la construction. L’argument de Murat Yakin? «La qualité du terrain, cela fait vraiment une différence quand tu es favori et que tu dois te montrer dominant.» A Tourbillon, cela devrait mieux convenir. D’autant que la qualité individuelle peut faire des différences face à d’un tel adversaire.
L’enjeu, pour la Suisse, c’est tout de même d’amener plus de qualité technique dans les enchaînements, mais également de faire les bons choix tactiques avec le ballon. Soit ce qui a manqué à Pristina. Mais pour le faire, cela suggère d’avoir des principes identifiés: lors des quatre premiers matches, l’équipe nationale avait notamment réussi à animer de la meilleure des manières les côtés, en créant des surnombres. Peut-être faudra-t-il explorer à nouveau cette filière.