Football – La Belgique, nouvel eldorado pour les Suisses?

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FootballLa Belgique, nouvel eldorado pour les Suisses?

En rejoignant l’Union Saint-Gilloise, Cameron Puertas suit une tendance. Ces derniers mois, de nombreux joueurs de Super League ont fait le choix du plat-pays.

Valentin Schnorhk
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Valentin Schnorhk
Stefan Knezevic avait quitté Lucerne pour Charleroi cet été. En Belgique, le défenseur central s’est imposé.

Stefan Knezevic avait quitté Lucerne pour Charleroi cet été. En Belgique, le défenseur central s’est imposé.

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Et si, passé les montagnes, il y avait le plat-pays? Et si l’avenir des joueurs suisses se situait désormais en Belgique? Occurrence multiple ne fait pas généralité. Mais le transfert de Cameron Puertas, parti de Lausanne la semaine dernière pour signer à l’Union Saint-Gilloise, leader de Pro League, s’inscrit dans une tendance. Le Vaudois est le quatrième élément de Super League à atterrir en Belgique. En un an et demi.

Puertas marche sur les pas de Bastien Toma (parti de Sion pour Genk à l’été 2020), Leonardo Bertone (de Thoune à Waasland-Beveren au même moment) et de Stefan Knezevic (qui a quitté Lucerne l’été dernier pour Charleroi). Sans oublier que Dereck Kutesa (prêté à Zulte-Waregem, après un passage peu concluant à Reims), et surtout Michael Frey (qui empile les buts avec Antwerp) sont aussi là pour grossir la délégation helvétique entre Flandres et Wallonie, qui se complète aussi à l’échelon inférieur.

Un palier intermédiaire

Qu’est-ce que cela raconte du football suisse? Il y a avant tout l’idée que pour celui qui performe en Super League, les championnats du top 5 européen ne sont pas une évidence. Bien sûr, quand les cadres d’YB (Hefti au Genoa, avant Aebsicher et Nsame?) quittent le Wankdorf après avoir disputé la Ligue des champions, c’est pour viser vraiment plus haut. Comme pour les plus grands talents (Imeri bientôt?). Mais pour les autres, ceux qui ont une expérience moindre mais un potentiel à développer, il y a peut-être un palier à franchir avant de rejoindre l’Italie ou l’Allemagne.

La Belgique est de fait devenue cette étape intermédiaire. Déjà parce que le niveau global y est plus élevé que la Super League. À la fin de la saison dernière, la Pro League était le 9e championnat européen selon le coefficient UEFA (basé sur les résultats des clubs en Coupes d’Europe). Au niveau des ligues néerlandaise ou russe, un peu en dessous du Portugal et ses trois grosses formations, mais au-dessus de l’Autriche. À ce classement-là, la Suisse pointait à une inquiétante 19e place. Elle remontera probablement à la fin de cette saison, profitant notamment de la Ligue des champions disputée par Young Boys et des prestations de Bâle en Conference League. Ce sera plus proche d’une Belgique qui ne brille pas vraiment cette saison. Mais qui a un passé récent qui plaide pour elle.

Et pour les choix des joueurs suisses. Qu’ont-ils à trouver en Belgique? «Un football à l’anglaise, très box-to-box, il y a beaucoup d’espace et les deuxièmes périodes partent souvent en attaque-défense», mentionnait le Genevois Dereck Kutesa le mois dernier. Paul Bollendorf, dont l’agence Soccer Mondial représente notamment Bertone, Knezevic et Frey, estime que la vision suisse sur la Belgique doit changer: «Comme pour les Pays-Bas, ce sont des championnats qui se situent juste derrière le Big Five, affirme-t-il. C’est presque mieux que d’aller dans certains clubs de Ligue 1.» Au point que plusieurs Suisses sont tombés de haut en arrivant dans leur nouveau club. Puertas est prévenu: il devra être au niveau.

Un marché important

Mais l’intérêt n’est pas que sportif. «Le marché belge est énorme, insiste l’agent. Les clubs progressent continuellement, ils ont des propriétaires qui investissent, des structures sportives qui se développent, et ce malgré la pandémie. On ne se rend pas forcément compte des sommes de transferts et des salaires que les clubs belges peuvent dépenser. C’est un marché complètement différent de la Suisse.» En 2019-20, le salaire moyen d’un joueur évoluant en D1 belge était de plus de 430 000€ annuels. Environ 2,75 fois plus important qu’en Super League.

«Celui qui est 15e en Belgique peut mieux payer que le 3e ou 4e en Suisse.»

Paul Bollendorf, agent

Cela facilite la décision. «Celui qui est 15e en Belgique peut ainsi mieux payer que le 3e ou 4e en Suisse, ajoute Paul Bollendorf. Il faut noter que c’est un pays qui a une vraie culture de football. Et ils ont un format de championnat, avec des play-off, qui a permis aux clubs d’être plus compétitifs au niveau européen. Nos championnats ne sont pas comparables, en termes de nombre de clubs, de droits TV… C’est notre perception qui doit changer.»

Le cas Waasland-Beveren

Voilà pour l’élite du football belge. Mais la Division 1B, le deuxième étage national, a aussi son lot de Suisses. En particulier du côté de Waasland-Beveren, actuel deuxième de son championnat (derrière le Westerlo de Léo Seydoux). L’équipe basée dans les Flandres a un petit accent alémanique, avec le duo Marc Schneider-Pascal Cerrone comme entraîneur et entraîneur-assistant pour la guider. Et sur la pelouse, deux autres anciens Thounois sont des éléments-clés: le milieu Leonardo Bertone, ancien champion de Suisse avec YB, et le latéral Chris Kablan. Jusqu’à la fin de saison passée et la relégation en D2, Michael Frey enquillait également les buts à Beveren, avant d’être transféré à Antwerp.

Ce n’est pas tout à fait un hasard qu’autant de Suisses soient réunis dans ce même petit coin de Belgique, dans un club détenu à 97% par le fonds d’investissement américain Bolt Football Holdings et dirigé par Antoine Goubin, un Français âgé d’à peine 31 ans. Même si les premiers arrivés, Bertone et Frey, sont surtout la résultante des connexions entre leurs agents et le football belge. C’était avant l’arrivée d’un directeur sportif suisse, début 2021: Roger Stilz, désormais parti à Jahn Regensburg en 2e Bundesliga. Celui qui a écumé plusieurs clubs de LNB (dont Etoile Carouge) au tournant des années 2000 a longtemps été entraîneur adjoint à Hambourg et Nuremberg, avant de participer au développement du club belge en nommant Schneider entraîneur. Rien n’est coïncidence.

Les Suisses de Belgique

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