Pression américaine: Israël promet d’augmenter l’aide humanitaire à Gaza

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Pression américaineIsraël promet d’augmenter l’aide humanitaire à Gaza

Israël va permettre la livraison «temporaire» d’aide dans la bande Gaza, quelques heures après une mise en garde du président américain Joe Biden.

De l’aide humanitaire larguée par les airs à Gaza le 4 avril 2024.

De l’aide humanitaire larguée par les airs à Gaza le 4 avril 2024.

AFP

Israël a annoncé vendredi autoriser la livraison «temporaire» d’aide dans la bande de Gaza, assiégée et menacée de famine, via le port d’Ashdod et le point de passage d’Erez, au lendemain d’une mise en garde inédite de son grand partenaire américain.

Cette annonce survient au moment où la pression internationale s’accentue sur le gouvernement israélien, le président des États-Unis Joe Biden ayant évoqué jeudi pour la première fois la possibilité de conditionner l’aide américaine à Israël à des mesures «tangibles» face à la catastrophe humanitaire à Gaza.

«Le cabinet (de guerre) a autorisé le Premier ministre, le ministre de la Défense (Yoav Gallant) et le ministre (Benny) Gantz à prendre des mesures immédiates pour augmenter l’aide humanitaire à la population civile dans la bande de Gaza», a déclaré le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu dans un communiqué. «Cette aide accrue permettra d’éviter une crise humanitaire et est nécessaire pour assurer la poursuite des combats et atteindre les objectifs de la guerre», a-t-il ajouté. 

Selon ce communiqué, Israël va autoriser l’acheminement «temporaire» de l’aide humanitaire par le port israélien d’Ashdod, à environ 40 km au nord de la bande de Gaza, et par le point de passage d’Erez, entre le territoire palestinien et le sud d’Israël.  Les autorités israéliennes vont aussi permettre «l’augmentation de l’aide jordanienne par Kerem Shalom», poste-frontière du sud d’Israël.

«Grave erreur»

Alors que la bande de Gaza est confrontée à un drame humanitaire, la mort lundi dans des frappes israéliennes des sept travailleurs de l’ONG World Central Kitchen (WCK), basée aux États-Unis, a accru le mécontentement international.  L’armée israélienne a reconnu une «grave erreur».

Le père d’un des humanitaires tués – le Canado-Américain Jacob Flickinger – a affirmé que son fils «était plutôt confiant sur le fait qu’il pouvait accomplir sa mission en sécurité». «Ils restaient en dehors des combats, dans les zones contrôlées par l’armée israélienne. Ils suivaient toutes les règles et les procédures, qui sont très strictes, qu’Israël leur transmettait», a confié John Flickinger à la BBC.

Premier soutien militaire d’Israël, les États-Unis ont exigé jeudi de leur proche partenaire une «augmentation spectaculaire» de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, disant vouloir voir des mesures concrètes prises «dans les heures et jours qui viennent».

Après l’annonce du gouvernement israélien, la Maison-Blanche l’a appelé à tenir ces promesses. «Ces mesures (...) doivent maintenant être mises rapidement et complètement en œuvre», a déclaré Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale dans un communiqué. 

Frappes «inacceptables»

Lors d’un entretien téléphonique jeudi avec Benjamin Netanyahu, Joe Biden, critiqué par une partie de son électorat pour son soutien inconditionnel à Israël, a jugé «inacceptables» les frappes ayant tué les humanitaires de WCK.  L’ONG a annoncé suspendre ses opérations à Gaza, accroissant les craintes pour les 2,4 millions d’habitants.

Le président américain a aussi pressé Benjamin Netanyahu de conclure «sans délai» un accord pour un cessez-le-feu, alors que les négociations sur la fin des violences ainsi que la libération des otages piétinent, près de six mois après le début du conflit.

La guerre entre Israël et le Hamas a été déclenchée après l’attaque sans précédent de commandos du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre dans le sud d’Israël. Elle a entraîné la mort de 1170 personnes du côté israélien, en majorité des civils tués le jour même, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

Plus de 250 personnes ont été enlevées au cours de l’attaque et emmenées comme otages dans la bande de Gaza, où 130 sont toujours détenues, parmi lesquelles, selon l’armée israélienne, 34 sont mortes.

En représailles, Israël mène des opérations militaires dans le territoire palestinien, s’étant juré d’anéantir le Hamas, qui y a pris le pouvoir en 2007 et qui est considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis, Israël et l’Union européenne notamment. Plus de 33’000 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre, selon le ministère de la Santé du Hamas. 

Désastre humanitaire

Les bombardements et l’offensive terrestre des forces israéliennes ainsi que le siège total du territoire palestinien a provoqué un désastre humanitaire.

Alors que «31 enfants de Gaza sont morts de faim et de déshydratation» selon le Croissant-Rouge palestinien, le Conseil de sécurité de l’ONU doit tenir vendredi une réunion sur le risque de famine et la situation des travailleurs humanitaires à Gaza.

Jeudi, Médecins sans frontières (MSF), Oxfam, Médecins du Monde et Save the children International ont par ailleurs alerté sur leur quasi impossibilité de travailler à Gaza. Depuis le début de la guerre, près de 200 humanitaires ont été tués, selon Christopher Lockyear, secrétaire général de MSF.

La communauté internationale, y compris les soutiens traditionnels d’Israël, ne cesse de l’exhorter à protéger les civils et travailleurs humanitaires à Gaza, sur fond d’inquiétudes d’une opération terrestre voulue par Benjamin Netanyahu à Rafah (sud), où s’entassent près de 1,5 million de Palestiniens déplacés par les combats, selon l’ONU.

Pour apporter leur aide, plusieurs pays effectuent notamment des parachutages, mais cette méthode ne peut se substituer aux routes terrestres, insiste l’ONU. Selon une étude jeudi d’Oxfam, la population du nord de la bande de Gaza survit avec «moins de 12% des besoins caloriques quotidiens moyens».

(AFP)

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