BelgiqueTueur présumé d’un enfant, il avait déjà entraîné la mort d’un autre
La justice a-t-elle failli? Le meurtrier probable d’un enfant de 4 ans avait déjà été condamné pour la mort d’un garçon de 2 ans.
- par
- Renaud Michiels
L’horreur a succédé à l’horreur, en Belgique. Après cinq jours de recherches et d’angoisse, le pays a appris que le petit Dean, 4 ans, enlevé à Saint-Nicolas, au nord de la Belgique, a été retrouvé mort près d’un parking dans la province de Zélande, dans le sud des Pays-Bas. Et à peine le décès annoncé, les Belges découvrent que le ravisseur et présumé tueur du petit garçon a déjà une mort d’enfant sur la conscience.
Dave De Kock, le ravisseur et probable tueur, avait été condamné pour «des faits de maltraitance envers un enfant, ayant provoqué la mort». En 2008, il avait violemment projeté un enfant de 2 ans contre les barreaux de son lit puis l’avait poussé dans les escaliers. Il l’avait aussi frappé avec un tube d’aspirateur. Le petit garçon, Miguel, de Ravels, près de la frontière néerlandaise, qui était le fils de sa compagne d’alors, avait succombé à ses blessures.
L’agresseur avait été condamné à dix ans de prison. Une peine qu’il avait entièrement purgée, avant d’être libéré en décembre 2018.
La mère ignorait son passé
Cette fois, on ne sait pas ce qui a poussé Dave De Kock à enlever le petit Dean. La presse belge évoque une possible dispute avec sa compagne, qui était amie avec la mère de l’enfant, comme un possible déclencheur. Avec sa conjointe, il gardait le garçon, qu’ils devaient ramener à ses grands-parents. Mais le tueur présumé avait décidé de s’emparer du petit Dean et avait filé vers Anvers puis les Pays-Bas.
Il a été finalement interpellé à Meerkerk, aux Pays-Bas, lundi dans la journée. Manifestement drogué, il n’était d’abord pas en mesure de répondre aux questions des policiers. Mais ce serait lui qui aurait par la suite indiqué aux forces de l’ordre où se trouvait le corps du petit garçon. Une autopsie devrait révéler comment il est mort.
«Je savais qu’il avait été condamné et qu’il était allé en prison, mais je ne savais pas pourquoi. Il m’a seulement dit qu’il était innocent et qu’il y était resté 10 ans. Je lui ai fait confiance. Je n’ai jamais eu l’impression qu’il cachait des choses», a réagi la mère de la petite victime. «On m’a envoyé des articles sur son passé. J’étais choquée. Si j’avais su cela, je ne lui aurais jamais fait confiance.»
«Une peine beaucoup trop clémente»
La mort du petit Dean réveille évidemment la douleur et suscite l’incompréhension chez les proches de la première victime du Belge, le petit Miguel. «Ce n’est pas possible, pas à nouveau. Cela a fait resurgir le drame autour de mon fils. Les blessures ont refait surface. Quand j’ai entendu qu’il s’agissait de Dave De Kock, j’ai eu du mal à y croire», a commenté le papa, Mike, rapporte le portail d’informations 7sur7.
Il a précisé que celui qui a entraîné la mort de son fils, n’a jamais présenté d’excuses et n’a jamais affiché de remords. «Il a toujours invoqué ses problèmes de drogue pour expliquer ce qu’il l’avait conduit à commettre les faits. Il aurait dû être condamné à la prison à vie, il s’en est sorti avec une peine beaucoup trop clémente. Regardez, trois ans à peine plus tard, il recommence. Il aurait dû être suivi après sa sortie de prison», a-t-il souligné.
Un homme condamné pour la mort d’un petit enfant qui en aurait tué un autre: le débat risque d’être vif et émotionnel en Belgique. Beaucoup vont fustiger la «clémence» de la première peine ou le manque de suivi des détenus. La justice, pour l’instant, a souligné que l’entier de la peine, dix ans, avait été purgée. «Après cela, De Kock était à nouveau un homme libre, ayant purgé la totalité de sa peine de prison. Il n’a pas fait l’objet d’un suivi supplémentaire, car au moment de sa condamnation, la détention provisoire n’était pas encore en place. Si le juge l’ajoute à la peine, la personne condamnée est suivie par la justice après avoir purgé sa peine de prison», a expliqué le ministre belge de la Justice, Vincent Van Quickenborne, raconte «La Libre Belgique».
Manque de structures adaptées
Le ministre a cependant reconnu que la détention et la prise en charge de Dave De Kock n’avaient pas été idéales. «Il avait fait l’objet lors de sa première détention en prison d’une demande de placement en institution psychiatrique, mais cela n’avait pu être concrétisé par manque de places», a-t-il noté.
Lors de sa détention, il avait suivi un programme pour se défaire de sa dépendance aux drogues. Mais dans une prison classique. «Le grand problème dans notre pays, c’est que les cas psychiatriques à hauts risques, donc des personnes avec un très lourd passé judiciaire, sont bien souvent tout simplement privées de tout placement car leur casier judiciaire est trop lourd et qu’aucune place n’est prévue pour pareil cas. Nous avons depuis lors investi dans la construction de centres psychiatriques d’internement. Nous devrions aussi avoir des places dans des institutions psychiatriques hautement sécurisées pour des condamnés avec des profils lourds de ce type», a plaidé le ministre, qui souhaiterait davantage de moyens pour ces infrastructures.