MotocyclismeMárquez veut faire «profil bas»
La pluie n’arrête pas de tomber sur Buriram. Les deux journées d’essais du GP de Thaïlande se dérouleront sur piste mouillée, les courses de dimanche certainement aussi. Et cela change pas mal de choses...
- par
- Jean-Claude Schertenleib
Le ciel continue de tomber sur la tête de Francesco «Pecco» Bagnaia, peu à l’aise depuis le début de la saison sous la pluie, auteur d’une erreur qui pourrait lui coûter cher dimanche dernier, au Japon. Or, le GP de Thaïlande de ce week-end devrait être encore plus arrosé, si l’on en croit les prévisions et ce qui, ce jeudi, était la réalité.
La pluie? Cela change pas mal de choses dans l’échelle des valeurs: «Dans ces conditions, tout est beaucoup plus ouvert», explique ainsi l’octuple champion du monde Marc Márquez, qui sait également que pour les pilotes qui n’ont pas encore retrouvé toutes leurs forces physiques, comme lui, une course «wet» est moins exigeante qu’une course «dry».
De quoi donner des idées à Márquez, brillant quatrième l’autre jour à Motegi? «Au Japon, pour la première fois depuis Jerez en 2020, j’étais encore capable d’attaquer dans le dernier tour, ce qui est un signe très positif. Bien sûr qu’il y a eu un moment, en course, où j’ai senti une baisse de force, mais j’ai pu gérer la situation. Lundi, j’étais bien. Mardi au réveil, en revanche, j’avais mal dans tout le côté droit de mon corps, mais ça a passé depuis.»
De quoi avoir des ambitions plus élevées, notamment si la course devait se jouer sous la pluie? «Je le dis et je le répète, je suis revenu plus tôt que prévu pour préparer 2023. Je fais profil bas!» Présent aux côtés de l’Espagnol, le vainqueur de Motegi, Jack Miller, n’a pas pu s’empêcher: «Toi? Faire profil bas?» Tout le monde a bien rigolé. Les choses sérieuses commencent vendredi avec une première séance d’essais libres MotoGP programmée à 5h50, heure suisse.
Les questions de «Pecco»
Le pire, pour un pilote de course, est de n’avoir pas de réponses aux questions qu’il se pose. Et c’est exactement ce qui se passe dans la tête de Francesco «Pecco» Bagnaia depuis une semaine, plus encore depuis sa chute dans le dernier tour du GP du Japon: «Je sais que j’ai pris beaucoup de risques pour ce qui n’aurait été qu’un point de repris à Quartararo au championnat, mais j’ai jugé que c’était important. Ce fut une erreur.»
Faute avouée, à moitié pardonnée, on passera donc à autre chose et à ce GP du Japon – essais du samedi compris – difficile pour celui qui était revenu comme un avion sur Quartararo ces dernières semaines: «On doit comprendre pourquoi je perdais autant par rapport aux autres, alors que j’étais en bagarre dans le peloton. J’ai eu besoin de nombreux tours pour venir à bout de Pol Espargaró, et d’autres encore avec Enea Bastianini», explique l’Italien.
On sait que la Yamaha du pilote français est limitée par son moteur, mais la Ducati de Bagnaia? «Quand tu suis un adversaire, n’importe lequel, il est très difficile de le dépasser, car la traînée de celui qui te précède provoque des réactions, notamment sur la température des pneumatiques», explique encore l’Italien. Dans le MotoGP moderne, la course se décide ainsi de plus en plus lors des qualifications, car si l’on ne s’élance pas de l’une des deux (très éventuellement trois) premières lignes, le podium devient très aléatoire.
Le retour de Petrucci
C’est «la» nouvelle du week-end, qui a fait plaisir à tout le paddock: l’Italien Danilo Petrucci, qui avait perdu sa place en MotoGP à la fin de la saison dernière et qui est devenu, dimanche passé, vice-champion US Superbike, a été appelé par Suzuki pour remplacer Joan Mir, toujours blessé: «Que dire, je suis si heureux. Je passais du bon temps aux Etats-Unis à manger des burgers, je m’étais essayé au Dakar en janvier dernier, j’ai roulé en Superbike toute la saison et me voilà de retour pour un week-emd en MotoGP, avec une moto dont je sais qu’elle est capable de gagner. Je veux d’abord me faire plaisir.» Pas plus, Danilo? On rappellera que l’Italien est l’un des meilleurs pilotes au monde sous la pluie. Et il pleut fort sur Buriram ces jours...
Aegerter en Superbike: c’est officiel
Les lecteurs fidèles le savent depuis quelques temps, c’est désormais officiel: Dominique Aegerter fera, l’an prochain, le saut en championnat du monde Superbike, comme pilote officiel Yamaha dans le team Gytr: «C’est un nouveau chapitre de ma carrière, un nouveau défi, un but que je m’étais fixé depuis longtemps. Je crois que je l’ai mérité», explique le pilote bernois. Dont l’équipier sera le champion du monde Moto2 en titre et actuel (encore) pilote MotoGP, l’Australien Remy Gardner. «L’avenir étant réglé, je suis concentré à 100% sur la fin de ma saison en Supersport; il reste quatre week-ends, soit huit courses, ce qui correspond à 200 points pour conserver ma couronne mondiale», ajoute Aegerter.
Les jolis mots du patron
L’Italien Andrea Dosoli est le «racing manager» de Yamaha Motor Europe pour les courses sur route, il est donc en charge des programmes Supersport et Superbike: «Dès qu’il est arrivé dans ce paddock, Dominique a montré qu’il faisait partie des top talents et il était clair dès le début qu’il méritait sa chance en Superbike. Malheureusement, ce ne fut pas possible pour cette saison, après son titre Supersport de l’an dernier, mais dès qu’un guidon est devenu libre pour 2023, c’était le choix logique. Pendant toute sa carrière, il a démontré des capacités d’adaptation étonnantes à toutes les machines et je suis sûr que ce talent va l’aider lorsqu’il va découvrir la Yamaha R1 World SBK.»