FootballAu-delà du résultat, il vaut sans doute mieux être Servettien que Sédunois
Si Sion a pu obtenir un point dans le derby du Rhône dimanche, il ne peut pas se permettre de s’en satisfaire. La prestation de Servette, notamment avant la pause, est par exemple bien plus rassurante.
- par
- Valentin Schnorhk Genève
Il se dit souvent qu’un derby ne se joue pas, mais il se gagne. Celui de dimanche, entre Servette et Sion, personne ne l’a gagné. Et seuls les Grenat l’ont véritablement joué, eux qui menaient 2-0 à la pause avec une domination évidente. Jamais sans doute, dans un monde rationnel, ils n’auraient dû quitter la Praille sans les trois points.
Et pourtant, cela est arrivé sans que Sion n’y soit pour grand-chose. Les Valaisans ont profité de deux erreurs, mais n’ont pas de quoi s’en contenter. Si le football ne doit pas raisonner qu’à travers le pur résultat, alors la manière est bien plus rassurante côté genevois que sédunois.
Les trois enseignements
Il est légitime et nécessaire que la déception prime après la deuxième période. Mais la prestation proposée par Servette avant la pause de ce derby fait sans doute partie des meilleures que les Grenat ont réalisées cette saison. Il y avait une maîtrise, tout en conservant un équilibre, notamment grâce aux compensations du malheureux Douline. Et la capacité de ce Servette à mettre en valeur ses éléments offensifs les plus importants constitue une base de travail, complétée par la justesse de Chris Bédia en bout de chaîne.
Il n’empêche, difficile d’occulter la seconde mi-temps pour Alain Geiger et ses joueurs. La gestion mentale du double avantage (au score et numérique) des Genevois peut être questionnée: l’utilisation du ballon a révélé une certaine fébrilité. Si Servette a fini 2022 en haut de tableau, c’est aussi parce qu’il a le plus souvent maîtrisé ses émotions. Il ne faudrait pas que le retour du jeu le soit au détriment de cet aspect-là.
Comment expliquer la faillite sédunoise? Il est encore tôt pour tirer des conclusions, mais l’effectif sédunois n’est peut-être pas complètement fait pour appliquer les idées de Fabio Celestini, notamment lorsqu’il s’agit d’enclencher des actions. Avec ballon, tant Heinz Lindner que Dimitri Cavaré ont régulièrement commis des erreurs dans l’exécution qui sèment quelques doutes. Heureusement, il est encore temps de les chasser.
Le meilleur: Chris Bedia (Servette)
Il y avait un questionnement: qui de Chris Bedia ou d’Enzo Crivelli allait commencer à la pointe de l’attaque servettienne. Alain Geiger a donc choisi le premier, avant de laisser le second terminer ce derby. Ils n’ont pas les mêmes profils, et l’un comme l’autre pourront être utiles au cours de cette deuxième partie de saison. Mais dimanche, le choix de l’entraîner servettien de confier le poste à Bedia s’est avéré le bon.
Puisque Servette maîtrisait son sujet, il fallait surtout une cible qui puisse terminer les actions. Dans la surface, comme sur le premier but, avec un geste audacieux, mais également en partant d’un petit peu plus loin, comme sur le second où sa puissance et sa qualité de dribble lui ont permis d’aller au bout de la séquence. C’est dans cette filière qu’il s’exprime le mieux, mais beaucoup moins à la construction. Qu’importe, cette fois-ci, ce n’était pas forcément nécessaire.
Le moins bon: Baltazar (Sion)
Il n’est sans doute qu’un symbole. Et il n’a peut-être pas fait pire que Reto Ziegler, aligné au poste de latéral gauche contre Lugano, une semaine plus tôt. Lui a subi de plein fouet l’activité déployée par un Miroslav Stevanovic que la paternité récente n’a pas changé. Sur l’ouverture du score surtout, Baltazar a été incapable de lire un long ballon de Vouilloz, et son vis-à-vis ne s’est pas fait prier pour aller servir parfaitement Bedia.
Mais plus globalement, le Sion de Fabio Celestini n’a pas encore trouvé son équilibre défensif. Et le poste de latéral gauche risque régulièrement de lui poser question.
La décla’
Le fait tactique: la prudence n’a pas payé pour Sion
Fabio Celestini l’a plusieurs fois répété: il ambitionne que son équipe puisse pratiquer un pressing haut, avec du un contre un sur à peu près tout le terrain. L’approche avait d’ailleurs été tentée lors de son premier match contre Lugano la semaine dernière. Une mi-temps durant, avant de rétropédaler, peut-être bien réfréné par la désorganisation qui en avait découlé.
Force est de penser qu’il n’est pas encore tout à fait convaincu que cela puisse fonctionner. Sur la pelouse de la Praille dimanche, Sion a voulu défendre avec prudence, comme une semaine plus tôt, après la pause. «Nous avons été surpris que Sion ne presse pas», a d’ailleurs relevé Jérémy Frick, le gardien servettien.
Les Valaisans ont défendu en 4-2-3-1, alors qu’ils attaquaient dans une forme plus asymétrique (Chouaref large à gauche, Zuffi venant depuis la droite créer de la supériorité à l’intérieur du jeu). Mais surtout, ils ont voulu opposer à Servette un bloc médian, où tout juste Stojilkovic, voire Cyprien, cherchaient à freiner les conduites de balle des défenseurs centraux genevois.
Moyennement actif, ce bloc médian a surtout permis à Servette d’attaquer relativement facilement la profondeur, notamment sur les côtés (comme sur le 1-0). Une nouvelle fois donc, l’approche défensive sédunoise a révélé d’évidentes failles. Aurait-ce été mieux en pressant? Ou en attendant résolument en bloc bas, comme l’expulsion l’a contraint en deuxième période? Peut-être. Ou peut-être pas. Celestini a en tout cas du travail dans ce secteur.
La statistique
2, comme le nombre de tirs tentés par Chris Bedia cette saison. Ce sont évidemment les deux buts qu’il a inscrit dimanche. Avant ça, lors des trois premiers matches qu’il avait disputés en amont de sa blessure au pied début août, il avait été incapable de se créer la moindre occasion de but. De quoi repartir sur de très bonnes bases.
Une question pour penser l’avenir
Combien de temps dispose véritablement Fabio Celestini pour mettre en place le projet qu’il entend faire intégrer au FC Sion?