Colline du Mormont: des zadistes ont subi des fouilles à nu

La première zone à défendre de Suisse (ZAD) avait vu le jour en octobre 2020 sur la colline du Mormont (VD), où le géant du ciment Holcim a pour projet d’étendre son exploitation minière. Six mois plus tard, la police cantonale vaudoise prenait d’assaut le secteur et procédait à l’évacuation des occupants.

Ce jeudi, le Pôle enquête de la RTS fait la lumière sur des manquements survenus durant l’opération baptisée ZAD21. Selon celui-ci, de nombreux zadistes interpellés et embarqués au Centre de police de La Blécherette ont subi des fouilles à nu. Un rapport sur l’opération indique ainsi qu’avant chaque audition, les prévenus ont fait l’objet d’«une fouille complète effectuée par des personnes du même sexe».

Présente en tant que médecin aux côtés des zadistes le jour de l’évacuation, l’une des personnes concernées raconte à la RTS avoir protesté lorsque les policières lui ont demandé de se dévêtir, de se pencher et d’écarter les fesses. Face à ce refus, il lui a alors été expliqué que «c’était la procédure» et qu’on allait l’y «forcer» si elle refusait de se soumettre au contrôle.

Après s’être vue signifier par plusieurs autorités que cette fouille était justifiée, la «sympathisante zadiste», persuadée d’avoir subi un acte illicite, a saisi la justice. Et cette dernière lui a donné raison puisque, selon la RTS, la Chambre des recours pénale vaudoise a reconnu dans un arrêté que la police vaudoise avait en effet violé «le principe de proportionnalité» lors de la fouille intime qu’elle a subie.

L’enquête de la RTS mentionne également le cas d’un autre zadiste qui a obtenu gain de cause le mois dernier devant le Tribunal de La Côte pour un cas similaire.

Sollicité par la RTS, un porte-parole de la police cantonale vaudoise admet une «erreur d’appréciation» dans le cas de la sympathisante mais conteste toute volonté d’intimidation.

Alors que le Tribunal fédéral a rappelé en 2019 les règles strictes dans le cadre des fouilles à nu, il indique qu’une nouvelle directive en la matière est entrée en vigueur au sein de la police vaudoise en juin 2022. Selon le porte-parole, cette dernière tient compte de l’arrêt du TF et prend davantage en considération le principe de proportionnalité.