SantéServiettes et tampons gratuits à l’école: le refus du Valais interroge
Alors que Vaud et Genève ont adopté des mesures similaires, le gouvernement valaisan juge trop cher la mise en place de distributeurs de produits menstruels dans les écoles, qu’il estime à un million par an.
- par
- Jonathan Zalts
En juin 2021, le canton de Vaud lançait dans ses écoles le projet pilote «Agir contre la précarité menstruelle». Grâce à des distributeurs installés dans les établissements, celui-ci a permis à 32 500 élèves de 51 écoles différentes de disposer gratuitement de serviettes hygiéniques et de tampons.
Dans un communiqué diffusé cette semaine, l’État de Vaud indique que 97% des filles qui en ont bénéficié jugent cette mesure nécessaire. En moyenne, une élève par classe se déclare être «en situation de précarité menstruelle». Les parents sont également très favorables au projet, qui se poursuit jusqu’à fin 2023.
Le canton de Genève avait également mis en place un dispositif similaire dans ses écoles en juin dernier. Même chose pour l’Université de Genève en août 2021.
Un million par an
En Valais, un postulat avait été déposé dans ce sens l’année dernière au Grand Conseil. Des élues du Parti socialiste, des Verts, du Centre et du Parti chrétien-social du Haut-Valais s’étaient engagées pour que les produits menstruels soient mis gratuitement à disposition dans les écoles du canton. Le Parlement avait ensuite chargé le Conseil d’État de se prononcer sur la question.
Et selon le «Walliser Bote», c’est désormais chose faite. Dans sa réponse, le gouvernement valaisan juge trop cher la mise en place d’un tel projet. Il demande donc au Grand Conseil de rejeter la proposition.
Le Conseil d’État estime en effet que l’installation de distributeurs de serviettes dans les écoles coûterait jusqu’à un million de francs par an. Selon lui, il n’est ainsi pas possible financièrement pour le canton d’en fournir ses écoles.
Utilisation des stocks
Pourtant, dans le cas du canton de Vaud, où les élèves sont bien plus nombreux, le budget annuel du projet pilote s’élève à 100’000 francs. Pour un établissement standard de 1000 élèves (avec environ 250 à 300 filles menstruées), le coût est estimé à 1125 francs par année scolaire.
Dès lors, le million valaisan soulève des questions. Contacté par «Le Nouvelliste», un collaborateur scientifique du Service de l’enseignement fait état d’un «calcul maximaliste» basé sur «une utilisation de stocks scolaires par la quasi-totalité des filles concernées».
Alors que dans le cas vaudois, le suivi des stocks démontre que l’utilisation est d’environ un produit par fille par mois, l’estimation valaisanne implique que chacune d’elles prend cinq serviettes par jour, cinq jours par mois. D’où la colossale différence budgétaire.
«Le Nouvelliste» relève toutefois que le rapport vaudois a été diffusé après la réponse du gouvernement valaisan, et ce dernier n’en avait donc pas connaissance. Reste à savoir si ledit rapport sera pris en compte par les députés valaisans au moment d’en débattre à nouveau au Grand Conseil ce mois-ci.