Télévision«The Last of Us» en passe de devenir un phénomène
La transition de célèbre jeu vidéo PlayStation à une série de prestige se passe jusqu’ici comme sur des roulettes.
- par
- Jean-Charles Canet
Avec déjà deux épisodes diffusés (sur neuf) sur tous les territoires où les contenus HBO sont disponibles (pour la Suisse, cela se passe pour l’instant sur Sky mais uniquement en anglais ou en allemand), la série «The Last of Us» semble bien partie pour devenir le phénomène transmédia du début de l’année.
Le premier épisode donne immédiatement la couleur en reprenant pratiquement tel quel l’époustouflant morceau de bravoure qui ouvrait le jeu vidéo (soit la fuite éperdue d’un homme, sa fille et son oncle alors qu’une pandémie devient incontrôlable). La série semble vouloir rassurer les fans du jeu, ceux aux tendances tatillonnes, tout en promettant aux non-gamers, via un prologue inédit très malin, que la fiction sans manette saura trouver sa voie: ce signal est donné via l’extrait d’une émission de télévision vintage (1968) dans lequel un scientifique pas encore pris au sérieux s’interroge sur la potentielle nocivité sur l’homme d’un champignon en cas de réchauffement climatique. Un partout, balle au centre.
Prologue inédit
Le second épisode confirme que la série reste ferme sur sa corde de funambule avec un autre prologue inédit situé sur le continent asiatique avant de revenir sur le périple – 20 ans après le début de la pandémie – de Joel (Pedro Pascal), sa compagne Tess (Anna Torv) et la jeune Ellie (Bella Ramsey). Avec toujours de quoi flatter les souvenirs des gamers sans pour autant sombrer dans le travers qui consisterait à calquer grossièrement des séquences d’action à la place des parties interactives. Ce qui aurait pu être une solution de facilité, a été soigneusement évité.
Ajoutons une bonne couche de «production value» permise par un budget confortable, une distribution de bout en bout impeccable et une mise en scène concentrée sur l’efficacité pour obtenir une série potentiellement phénoménale. Potentiellement, car l’honnêteté commande d’attendre mars pour mesurer si la série brise bel et bien la malédiction des adaptations de jeux vidéo. Une malédiction jonchée de beaux cadavres, on pense à «Super Mario Bros», «Doom», «Street Fighter» en des temps immémoriaux mais aussi à la plus récente série «Halo» inspirée du jeu homonyme sur Paramount+. Même «The Witcher», sur Netflix, entre dans notre liste de mariage compliquée. Quant à «Uncharted», on préfère oublier.
Parti d’une bonne base
«The Last of Us» n’en est pas moins partie sur une bonne base. D’abord parce que même quand le jeu n’était que cela, sa construction dramatique était plus solide que de coutume, plus profonde, ses personnages n’étaient pas des coquilles vides invincibles. Il y avait donc matière à adaptation. Ne manquaient plus que le savoir-faire, le talent et la compréhension que jeu vidéo et fiction sont en apparence copains comme cochon mais sont fondamentalement de faux amis.
«The Last of Us» parvient pour l’instant à faire cohabiter les deux mondes. Mais il faudra sans doute une, voire plusieurs trahisons radicales pour permettre à la série de se libérer. La rumeur indique que l’épisode 3 donne un élément de réponse. Vivement lundi prochain.
Sommets déjà tutoyés
En attendant, «The Last of Us», la série, tutoie les sommets sur le site d’intégration des appréciations Rotten Tomatoes (97%) décroche une note honorable (84/100) sur Metacritic. En outre, les ventes du jeu vidéo, qui a déjà bénéficié de deux refontes techniques depuis sa première sortie en 2003, ont plus que frémi. Dans un classement britannique, il s’offre un rebond de 238% lui permettant de revenir dans le top 20 national, indique gamesindustry.biz.