BerneLe droit de vote à 16 ans passe une étape cruciale
Le Conseil national a confirmé son vote de septembre 2020, malgré une certaine droite qui voulait classer cette proposition jugée juridiquement boiteuse. À la fin le peuple aura le dernier mot.
- par
- Eric Felley
Par 99 voix contre 90, le Conseil national a adopté une deuxième fois l’initiative de Sibel Arslan (Vert.e.s/BL), qui veut abaisser à 16 ans le droit de vote. Sous les applaudissements d’un jeune public venu soutenir la cause, il a confirmé son vote de septembre 2020, où il l’avait acceptée par 98 voix contre 85.
Dès le début de la matinée, la place Fédérale a été animée par quelques manifestantes et manifestants très jeunes qui représentaient le Conseil suisse des activités de jeunes et Pro Juventute. Tout est bien qui finit bien donc pour eux, mais le débat a été serré et la victoire n’était pas forcément acquise. Jean-Luc Addor (UDC/VS), rapporteur de la Commission des institutions politiques, a posé les enjeux. La majorité de cette commission (13 contre 12) s’oppose à cette évolution, car elle crée une différence entre le droit de vote et celui d’éligibilité (qui reste à 18 ans). Son collègue Kurt Fluri (PLR/SO) a également insisté sur le fait que plusieurs cantons ont dit non jusqu’ici: Uri, Argovie, Thurgovie ou Vaud.
«Partager un peu de pouvoir avec les jeunes»
Mais les défenseurs du droit de vote à 16 ans n’ont pas manqué d’arguments: le canton de Glaris a dit oui, ainsi que l’Autriche. Pour Greta Gysin (Vert.e.s/TI): «C’est un signe de confiance envers les jeunes, qui doivent pouvoir participer aux conséquences de nos décisions sur les retraites ou sur la crise climatique. Ne leur refusons pas le droit de participer à leur avenir». Pour Corina Gredig (VL/ZH): «Nous devons être prêts à partager un peu de pouvoir avec les jeunes…»
«Rien à perdre…»
Évoquant le vieillissement de la moyenne d’âge dans les votations (bientôt 60 ans…), Ada Marra (PS/VD) a plaidé: «Le droit de vote pour les plus jeunes amène un bon équilibre dans la décision en les considérant comme des citoyens à part entière». Pour Léonore Porchet (Vert.e.s/VD): «Nous n’avons rien à perdre et tout à gagner! Et ce n’est pas une question d’orientation politique, car dans mon canton de Vaud, c’est une proposition qui a été défendue par l’UDC».
Mais à Berne, l’UDC n’en voulait pas. Pour Piero Marchesi (UDC/TI): «D’autres instruments existent comme les parlements des jeunes, la session des jeunes ou l’éducation civique à l’école obligatoire, que la gauche n’apprécie pas». Andri Silberschmidt (PL/ZH) a lui estimé que beaucoup de jeunes étaient pris en otages dans cette histoire par d’autres jeunes…
«Un tournant dans l’histoire»
Le groupe du Centre était partagé. Finalement, l’auteure de la proposition, Sibel Arslan, a rappelé que dans les turpitudes actuelles du monde, après la pandémie et maintenant la guerre en Ukraine: «Les jeunes s’intéressent à la politique. On leur fait confiance dans cette époque, qui est un tournant dans l’histoire. Ils ont le droit de participer à ce que sera leur avenir.»
Le dossier passe maintenant au Conseil des États et le peuple sera appelé à se prononcer étant donné qu’une modification de la Constitution est nécessaire.