Hockey sur glaceEt si John Fust était l’homme des plus grands exploits?
Le directeur sportif du LHC ne se trouve plus qu’à deux victoires d’un sacre totalement inattendu avec le club vaudois. En 1997, il était promu dans l’élite à la surprise générale avec Herisau.
- par
- Chris Geiger
Deux succès. Voilà ce qui sépare encore le Lausanne HC d’un premier sacre national. En cas de victoire finale contre les ZSC Lions (2-2 dans la série), le club vaudois deviendrait assurément le champion de Suisse le plus inattendu de l’histoire moderne, lui qui n’avait même pas réussi à se qualifier pour les pré-playoff la saison dernière.
Surprendre tout son monde et déjouer l’ensemble des pronostics, John Fust connaît. Le directeur sportif du LHC n’est pas à son coup d’essai puisqu’il a largement contribué à la promotion au sein de l’élite du SC Herisau en 1997. L’une des plus grandes sensations vécues par le hockey sur la glace helvétique encore à ce jour.
Frick et Meier inspirés
Troisième de la saison régulière de Ligue nationale B, puis quatrième du tour final, la formation appenzelloise avait éliminé… Lausanne (3-1) en quarts et Thurgovie (3-0) en demies, avant de battre Grasshopper (3-1) en finale et de décrocher la timbale (titre et promotion).
Un parcours totalement inattendu pour le petit club alémanique, pris de sympathie par toute une région au fil des victoires décrochées et des surprises créées.
«La moyenne devait être de 1700 spectateurs par match au début, se remémore John Fust. À la fin des play-off, on avait 7000 personnes à chaque rencontre. Dont Lukas Frick ou Timo Meier, des jeunes du coin, qu’on a réussi à inspirer avec cet exploit.»
«Pourquoi tu ne prendrais pas l’avion?»
Capitaine-assistant de Herisau en 1996-1997, John Fust a comptabilisé 23 points en 33 matches durant les deux premières phases du championnat, avant d’élever le curseur en play-off (13 unités en 11 apparitions). Porté par l’euphorie?
«C’est surtout l’envie de continuer tous ensemble cette aventure, reprend le dirigeant de 52 ans. Dans ces moments, la chose la plus importante est de garder la concentration et l’énergie. Et essayer de ne pas trop analyser ni d’être trop dans l’euphorie. L’expérience aide, le leadership des joueurs qui ont déjà été dans cette position aussi. Mais surtout, il faut apprécier ces instants et les partager avec sa famille et ses proches.»
Ceux de John Fust, arrivé en Suisse en 1994, étaient restés au Canada. L’envie de partager cet épisode spécial dans une carrière allait être trop grande pour celui qui allait poursuivre sa carrière de joueur à Langnau, Ambri ou encore au Forward Morges.
«J’ai appelé mon père la veille du match décisif pour gagner le championnat et monter en Ligue A, se replonge le principal intéressé. Je lui ai dit: «Pourquoi tu ne prendrais pas l’avion et ne viendrais pas voir la dernière partie?» Il a fait deux téléphones et, dix minutes plus tard, il m’a appelé pour me dire que son ami à Swissair lui a trouvé un billet pour venir. Mon père a atterri à Zurich le matin du match et je suis allé le chercher. Le soir, on a gagné puis fêté jusqu’à 5h du matin. Et à 11h, je l’ai ramené à l’aéroport parce qu’il devait retourner travailler à Toronto.»
Le séjour était express, mais les souvenirs indélébiles et éternels. «Des moments comme ceux-là sont inoubliables, confirme John Fust. Encore à ce jour, je parle de cette expérience avec mon père. On vit et on joue au hockey pour vivre de tels moments.»
À Lausanne, «on réalise qu’on a une chance»
Vingt-sept ans plus tard, à l’ouest du pays cette fois-ci, le Canado-Suisse espère évidemment renouveler l’expérience. En ce sens, voit-il quelques parallèles entre le Herisau de l’époque et le LHC d’aujourd’hui?
«Je crois qu’on réalise qu’on a une chance, reconnaît le directeur sportif des Lions vaudois. Alors pourquoi pas? Tous les mètres sur la glace sont disputés durant cette finale. Il y a tellement de talent des deux côtés que la moindre erreur se paie cher. Alors, les trois choses qui comptent désormais, ce sont la concentration, les détails et l’énergie.»
Puis d’ajouter: «On a notre identité, notre style de jeu et on donne tout ce qu’on a pour réussir. On garde les pieds sur terre et on continue de fournir le travail au quotidien. Mais je suis fier de faire partie de ce mouvement et de partager ces émotions avec tout le monde.»
Celles-ci seront assurément décuplées en cas d’issue favorable au cours des deux voire trois derniers matches de cette finale des play-off. À commencer par l’acte V, prévu ce jeudi soir (coup d’envoi à 20 heures) à Zurich. Le LHC peut y croire. Après tout, John Fust connaît la recette des miracles.