KosovoLes Serbes boycottent des élections locales
Les Serbes du Kosovo boudaient dimanche les élections municipales organisées par les autorités de Pristina dans le nord du territoire.
Dans le nord du Kosovo, où les représentants de la communauté serbe ont démissionné en novembre des institutions locales, les Serbes boudaient dimanche les élections municipales organisées par les autorités de Pristina.
Le boycott de ce scrutin qui se dessine dans les quatre municipalités du Nord où les Serbes sont très largement majoritaires risque d’aggraver les tensions persistantes ces derniers mois entre le gouvernement kosovar et les Serbes.
Aucun accord trouvé
Ces élections se déroulent un peu plus d’un mois après l’annonce par l’UE d’un accord sur la normalisation des relations entre Belgrade et Pristina atteint à Ohrid (Macédoine du Nord), mais que les deux parties n’ont pas signé. «Les bureaux de vote ont été ouverts comme prévu», a indiqué le président de la Commission électorale à Pristina, Kreshnik Radoniqi.
Dans les 19 bureaux de vote du Nord, dont 13 sont des conteneurs, installés provisoirement par les autorités de Pristina, 45’000 électeurs, dont 95% environ sont des Serbes, sont appelés à voter. «Je hais tous ceux qui participent à ces élections (...) car ils reconnaissent l’Etat albanais (ndlr: le Kosovo indépendant)», a lâché un habitant serbe de Mitrovica nord. Aucun incident n’avait été signalé dans les premières heures du scrutin.
«Non démocratique et illégitime»
Début novembre, policiers serbes intégrés à la police kosovare, juges, procureurs et autres fonctionnaires avaient quitté leurs postes en masse pour protester contre une décision de Pristina, désormais suspendue, d’interdire aux Serbes vivant au Kosovo d’utiliser des plaques d’immatriculation délivrées par la Serbie.
Belgrade, qui soutient la décision des Serbes de boycotter le scrutin qualifié de «non démocratique et illégitime», affirme que les conditions ne sont pas réunies pour le retour des représentants serbes dans les institutions kosovares.
Belgrade insiste sur la nécessité de la mise en place d’une «association de municipalités serbes», qui serait une sorte d’autonomie réunissant quelque 120’000 Serbes vivant au Kosovo, peuplé de 1,8 million d’habitants, très majoritairement albanais.
Vives tensions
Le Premier ministre kosovare Albin Kurti a, de son côté, regretté que «les citoyens serbes du Kosovo n’utilisent pas leur droit de voter» en raison de pressions venant de Belgrade. La Serbie ne reconnaît pas l’indépendance proclamée en 2008 par son ancienne province.
Initialement prévues pour le 18 décembre, ces élections ont été reportées au 23 avril après une série d’incidents violents dans le Nord. Belgrade encourage les Serbes au Kosovo à défier les autorités locales, au moment où Pristina veut asseoir sa souveraineté sur l’ensemble du territoire. Le boycott des Serbes permettrait théoriquement aux formations albanaises de prendre le pouvoir dans les quatre municipalités du Nord.