Ski alpinArnaud Boisset sera le «rookie» romand en Coupe du monde
Le Valaisan va découvrir la Coupe du monde l’hiver prochain. À 24 ans, après un parcours semé d’embûches, il a décroché une place fixe en Coupe du monde en remportant la Coupe d’Europe de super-G.
- par
- Sylvain Bolt
À 24 ans, le Martignerain a remporté le classement de Coupe d’Europe de super-G dimanche à Narvik (Norvège), lors des finales du circuit où les Suisses ont brillé (voir ci-dessous). Le Romand s’est ainsi offert une place fixe en Coupe du monde, Graal réservé aux trois premiers de chaque discipline.
«Je me suis mis une sorte de protection sur mes émotions ces derniers jours pour ne pas me faire surpasser par celles-ci, souligne le troisième du classement général au niveau Européen, joint lundi lors de son arrivée sur sol suisse. J’ai encore un peu de mal à les vivre, mais j’imagine que le coup émotionnel ne va pas tarder.»
Sa saison et sa carrière ont connu leur point de bascule mi-février, à Garmisch-Partenkirchen (Allemagne). Une deuxième place, puis une première victoire dans l’antichambre du cirque blanc le lendemain lui permettent d’inscrire de précieux points en super-G. «J’étais sur la bonne voie, mais il fallait confirmer et j’étais bien plus nerveux que d’habitude au départ dimanche, explique le Valaisan. J’avais de la marge pour terminer dans les trois meilleurs de la discipline, mais j’avais envie de gagner le classement du super-G et je me suis dit, à l’image de Marco Odermatt, que la meilleure défense était l’attaque.»
«Odi» comme source d’inspiration
Dimanche, le lendemain de la démonstration du phénomène «Odi» en géant (plus de deux secondes d’avance sur son dauphin), Arnaud Boisset a remporté son deuxième super-G de l’hiver, s’assurant le général de la spécialité devant son compatriote Gilles Roulin. Et imitant ainsi Marco Odermatt, vainqueur du globe de cristal de super-G un étage au-dessus.
«C’est une belle locomotive dans la discipline, c’est clair, sourit celui qui concourra aux côtés de la star du ski mondial l’hiver prochain. Au niveau de l’engagement et de l’instinct, nous avons quelques similitudes avec Odermatt. Lui a quand même quelque chose en plus au niveau de la prise de risques et de sa faculté à générer de la vitesse dans n’importe quelles conditions. Mais j’essaie de m’inspirer de sa capacité à laisser glisser les skis, quitte à ne pas toujours être propre techniquement.»
Avant de décrocher le Graal de tout skieur, Arnaud Boisset a traversé plusieurs épisodes qui auraient pu le faire abandonner son rêve. En janvier 2020, alors qu’il avait pourtant réussi un meilleur temps que Lars Rösti à l’entraînement de la descente de Coupe du monde de Wengen, le Bernois avait été préféré par le coach…bernois de Swiss-Ski. Puis vint une chute en Coupe d’Europe quelques semaines plus tard: déchirure du ligament croisé antérieur du genou gauche. Fin de saison.
Son rêve frôlé sur la Streif
En novembre 2021, enfin de retour à un excellent niveau, le Valaisan est tout proche d’enfiler son premier dossard de Coupe du monde en Amérique du Nord. Il n’est finalement pas retenu et doit retrouver l’anonymat de la Coupe d’Europe et même des courses FIS (3e échelon) en raison de soucis de santé (intoxication alimentaire). «C’était une période creuse, pas évidente, avec une nouvelle blessure à l’épaule qui m’a encore freiné», rappelle sobrement le jeune espoir.
Cet hiver, ses bons résultats en Coupe d’Europe lui ont permis de prendre part aux entraînements de Coupe du monde à Kitzbühel, finalement non retenu de justesse pour son baptême en Coupe du monde sur la Streif. «Franchement, on ne m’a pas fait de cadeaux pour cette place en Coupe du monde, soupire le Valaisan. Je la mérite à 100% et j’ai été la décrocher tout seul, avec la manière. Et le fait qu’elle soit fixe me permet d’aborder l’exercice prochain de manière confortable.»
Car le skieur de 24 ans est certain d’être aligné sur tous les super-G programmés la saison 2023-2024, sans passer par des qualifications internes. «Je pourrai aussi prendre part aux entraînements et aux sélections de descente et pourquoi pas saisir ma chance dans la discipline reine en Coupe du monde, sourit le Martignerain. J’ai hâte d’intégrer l’équipe, de découvrir de nouvelles pistes et grâce à mes bons points FIS, j’aurai sûrement de bons dossards, juste après les trente.» Ce qui devrait permettre aux téléspectateurs romands de découvrir ce nouveau visage lors des retransmissions en direct.