Crise électorale de 2020Côte d’Ivoire: 69 détenus libérés, 9 graciés
Le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé vendredi des libérations et des grâces de détenus à la veille de la fête de l’Indépendance de son pays.
Le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé vendredi la mise en «liberté provisoire de 69 inculpés» et avoir accordé «la grâce» à neuf autres détenus, arrêtés à l’occasion de la présidentielle d’octobre 2020 marquée par des violences meurtrières.
«Je note la mise sous contrôle judiciaire ou en liberté provisoire (…) de 69 inculpés détenus suite aux événements survenus à l’occasion de l’élection présidentielle d’octobre 2020», a déclaré le chef de l’État dans un discours télévisé prononcé à la veille de la fête de l’Indépendance de son pays, ancienne colonie française. Il a ajouté avoir accordé «la grâce à neuf personnes condamnées pour des infractions commises à l’occasion de ces mêmes événements». «L’examen de la situation d’autres personnes encore détenues se poursuit», a-t-il affirmé.
Alassane Ouattara a été réélu en octobre 2020 pour un troisième mandat controversé lors d’une présidentielle boycottée par l’opposition qui jugeait ce mandat inconstitutionnel. Cela avait provoqué une crise qui a fait une centaine de morts et un demi-millier de blessés entre août et novembre 2020. La tension est néanmoins retombée, les élections législatives de mars s’étant déroulées dans le calme et avec la participation de l’opposition.
La libération des prisonniers avait été demandée par les leaders de l’opposition, Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié, tous deux anciens présidents.
Liste
Laurent Gbagbo, rentré en Côte d’Ivoire le 17 juin après avoir été définitivement acquitté de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI) fin mars, avait abordé cette question lors de sa rencontre le 27 juillet avec Alassane Ouattara. Lors de cette première rencontre depuis la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait 3000 morts, il avait transmis au chef de l’État une liste de 110 détenus qualifiés de «politiques».
Dans cette liste figuraient des personnes arrêtées après la crise de 2010-2011, mais aussi des personnes interpellées en 2020 lors de la dernière campagne présidentielle et en juin en marge du retour en Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo.
La crise de 2010-2011 était née du refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite à la présidentielle face à Alassane Ouattara. Le chef de l’État a réaffirmé son «attachement au dialogue constructif, qui permet d’apaiser davantage notre pays et d’aller de l’avant, pour son développement».
«Ce dialogue, je l’ai poursuivi moi-même avec mon aîné, le président Henri Konan Bédié, le 11 novembre 2020, et plus récemment, avec mon jeune frère, le président Laurent Gbagbo», a-t-il dit. «Rien ne doit entraver la marche de la Côte d’Ivoire vers son développement, et le bien-être de chacun», a-t-il ajouté, et «c’est pourquoi je me réjouis de toutes les initiatives visant à l’apaisement. Je ne ménagerai aucun effort pour cela, dans le respect de la loi et des Institutions».