Jura bernoisPlainte déposée contre le fournisseur de pierre calcaire
Après l’effondrement partiel de l’escalier de la tour de Moron dessinée par l’architecte tessinois Mario Botta, un non-respect de la qualité exigée est dénoncé.
- par
- Vincent Donzé
Un an après l’effondrement partiel de l’escalier d’une tour panoramique de 29,97 mètres dessinée par l’architecte tessinois Mario Botta et assemblée par 700 apprentis maçons, une plainte pénale a été déposée contre un fournisseur, selon «Le Quotidien Jurassien».
La plainte de la fondation de la Tour de Moron dénonce le «non-respect de la qualité exigée» pour la pierre qui constitue les marches. Testé par des laboratoires fédéraux, le calcaire choisi était d’un niveau de résistance élevé.
Marches maquillées
Visiblement, toutes les pierres ne présentent pas la même qualité. «Si des marches ont été maquillées sans qu’on le sache, c’est un comportement criminel», a indiqué au «QJ» le président du conseil de fondation, Henri Simon. Certaines marches de 400 kilos étaient consolidées par des armatures intérieures, ce qu’ignorait le maître d’ouvrage.
Les marches tombées ont cassé à fleur de noyau. En dépit des intempéries, 18 ans d’existence, c’est trop court pour une tour construite en cinq ans à la manière d’un château moyenâgeux.
Calcaire poreux
Les regards se sont tournés vers la provenance lointaine et française d’un calcaire plus poreux que celui du Jura, alors indisponible, mais tout aussi jaune. «La matière n’était pas la bonne, mais dans la construction, les procédures ont été respectées», confiait Mario Botta au matin.ch deux mois après le premier éboulement. Les dimensions étaient bonnes et le sciage a été effectué correctement, selon le concepteur.
«Je n’avais jamais imaginé qu’avec sa structure archaïque et son escalier en porte-à-faux, une tour en pierre et en béton puisse tomber: la technologie utilisée n’était pas nouvelle», nous avait indiqué Mario Botta lors d’une visite sur place.
Absence d’ammoniac
À une altitude de 1328 mètres, le salpêtre n’est pas une explication plausible, en l’absence d’ammoniac. Un connaisseur a désigné l’efflorescence du béton caractérisé par des taches blanches causées par le calcium qui remonte à la surface avec l’humidité: le sel de pierre.
La Tour de Moron a nécessité 350 tonnes de pierre calcaire, ajoutées à 130 m3 de béton pour le noyau, 100 tonnes d’acier dans l’armature et 20 tonnes de charpente métallique. D’un poids avoisinant 1000 tonnes, elle a été conçue pour affronter des vents de 200 km/h et des tremblements de terre de 6,5 sur l’échelle de Richter.