FranceCyberharcèlement de Magali Berdah: ils nient toute intention violente
L’influenceuse française a été la victime d’un déferlement de menaces en ligne après que le rappeur Booba l’a accusée d’arnaquer les internautes. Vingt-huit personnes sont poursuivies.
Ils voulaient seulement «pointer du doigt son commerce»: trois des treize internautes, poursuivis pour avoir pris part au cyberharcèlement de Magali Berdah, ont réfuté mardi toute intention violente, lors d’une audience marquée par les tentatives de la défense de semer le doute sur l’honnêteté de l’ancienne «reine des influenceurs».
Au deuxième jour de ce procès, ces trois hommes étaient les premiers à déposer devant le Tribunal correctionnel de Paris dans ce dossier d’ampleur, qui concerne 28 prévenus au total, soupçonnés d’avoir pris part à un déferlement de haine en ligne contre Magali Berdah.
«Si je l’avais rencontrée dans la vraie vie, je lui aurais dit ma façon de penser plus poliment», a concédé Nicolas L., 33 ans, poursuivi pour avoir écrit à Magali Berdah: «Grosse connasse, j’espère que ton business d’escrocs va tomber.» A la barre, il a avoué sa «honte» d’avoir envoyé ce message, d’autant que la victime, à titre personnel, ne lui a «rien fait», a-t-il reconnu.
«En aucun cas je n’en ai voulu à l’intégrité physique de Mme Berdah», a affirmé de son côté Mathias D., 34 ans, qui lui avait écrit sur Instagram: «T’es juste une arnaqueuse, on s’en bas les c… de ta vie, on veut juste te finir.» Le prévenu a raconté qu’il avait perdu 1000 euros dans une arnaque dont il tient pour responsable l’influenceur Marc Blata – visé par une enquête judiciaire après de nombreuses plaintes.
Magali Berdah a expliqué n’avoir aucun lien avec Marc Blata, mais pour Mathias D., qu’importe: «Pour moi, elle était la dirigeante, la représentante de ces influenceurs». «Quand on ne sait pas où s’adresser, on va chercher la personne la plus haut placée», a encore développé le trentenaire, avant de présenter ses «excuses» à la victime.
«Vous voulez dire que c’est bien fait pour moi?»
Un troisième homme poursuivi, Martin H., 31 ans, qui s’est présenté comme un «humaniste» qui déteste la violence et la méchanceté, a également présenté ses «plus plates excuses». Il a souligné que rien ne pouvait justifier ses écrits particulièrement violents, qu’il dit ne même pas se souvenir d’avoir envoyés.
L’avocat de Mathias D., Me Rachid Madid, avait auparavant provoqué la colère de Magali Berdah en l’interrogeant longuement sur les polémiques autour de son ancienne société Shauna Events – qui met en relation influenceurs et marques –, sur ses démêlés avec le fisc, ou sur sa condamnation, en 2019, pour abus de faiblesse envers une personne âgée.
«Vous voulez dire que tout ce qui m’arrive, c’est bien fait pour moi?» «Je ne comprends pas, j’ai l’impression d’être à mon procès!» a répondu Magali Berdah lors d’une audition très tendue. Pour l’une de ses avocates, Me Rachel-Flore Pardo, «c’est comme la défense dans les affaires de viol où on cherche à montrer que la victime avait une jupe trop courte et qu’elle l’a bien cherché», a-t-elle déploré, lors d’une suspension d’audience.
Une croisade contre les «influvoleurs»
Certaines des polémiques concernant Shauna Events avaient été relayées sur les réseaux sociaux par le rappeur Booba – mis en examen dans ce dossier mais pas concerné par le procès en cours. Booba s’est lancé en 2022 dans une croisade contre Magali Berdah et ceux qu’il appelle les «influvoleurs», qu’il accuse de multiples arnaques au préjudice des internautes.
Lors de la première journée d’audience lundi, Magali Berdah avait raconté son calvaire à partir de mai 2022, lorsqu’elle a été accablée sur les réseaux sociaux de dizaines de milliers de messages insultants et de menaces de mort. «J’ai été à deux doigts de me jeter par la fenêtre», a-t-elle affirmé.
Les débats doivent se poursuivre les 4 et 5 décembre.