États-UnisWashington ne croit pas au projet de base d’espionnage chinoise à Cuba
Le «Wall Street Journal» a fait état jeudi d’un accord pour l’installation d’une base chinoise d’espionnage à Cuba, mais Washington a réfuté ces informations.
La Maison-Blanche a assuré jeudi que les informations de presse sur un supposé accord permettant à la Chine d’installer une base d’espionnage à Cuba n’étaient «pas exactes».
«J’ai vu l’article de presse. Ce n’est pas exact», a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Kirby, au micro de MSNBC. Selon le «Wall Street Journal», qui cite des sources anonymes américaines, un accord secret prévoirait d’installer une station d’écoutes électroniques sur cette île des Caraïbes à environ 200 km des côtes de Floride, où sont installées d’importantes bases militaires américaines.
«Nous surveillons cela de très près»
Le quotidien économique ajoute que la Chine, avec laquelle les États-Unis mènent une compétition acharnée, devrait verser «plusieurs milliards de dollars» à Cuba pour construire cette installation. «Ce que je peux vous dire, c’est que notre administration s’est inquiétée dès le premier jour des activités d’influence menées par la Chine à travers le monde, et particulièrement dans cet hémisphère et dans cette région», a assuré John Kirby. «Nous surveillons cela de très près», a-t-il ajouté.
«Selon les informations dont nous disposons, ce n’est pas exact. Nous n’avons pas connaissance de l’installation, par la Chine et Cuba, d’un quelconque type de base d’espionnage», a aussi réagi lors d’un point presse quotidien le porte-parole du Pentagone, le général Pat Ryder, qui a assuré que les États-Unis surveillaient «en permanence» les rapports entre Pékin et La Havane.
Le sénateur démocrate Mark Warner et son collègue républicain Marco Rubio, qui dirigent la commission renseignement du Sénat américain, se sont eux dit «profondément troublés» par l’article du «Wall Street Journal». «Les États-Unis doivent répondre aux attaques éhontées actuellement menées par la Chine à l’encontre de notre sécurité nationale», ont-ils déclaré dans un communiqué.
Le président Chinois Xi Jinping mène une extension de la présence militaire chinoise à travers le globe dans le but de concurrencer l’armée américaine, présente sur tous les continents. Mais l’installation d’une base à Cuba, au plus près des côtes de la Floride, constituerait une nouvelle étape pour Pékin et serait vue par Washington comme une menace inédite envers son territoire.
Guerre froide
«Nous devons être fermes sur le fait qu’une installation par la Chine d’une infrastructure d’espionnage à 160 km de la Floride et des États-Unis serait inacceptable», ont exhorté les sénateurs. Durant la Guerre froide, les Soviétiques disposaient d’installations d’espionnage électronique sur Cuba, dirigée par un gouvernement communiste.
Mais en 1962, les États-Unis y observent des rampes de lancement de missiles, à portée des côtes américaines. Le président Kennedy décide d’un blocus maritime de l’île et durant quelques jours, la menace d’un conflit ouvert -- et nucléaire -- entre les deux superpuissances atteint son paroxysme.
L’URSS renonce finalement à son projet et les États-Unis retirent leurs missiles de Turquie. En janvier et février, un ballon chinois qualifié par Washington d’«espion» a survolé les États-Unis avant qu’un chasseur américain ne l’abatte, provoquant un refroidissement dans les relations entre la Chine et les États-Unis.
Cuba qualifie de «mensongères» les informations sur un projet de base chinoise d’espionnage sur l’île
«Le journal américain Wall Street Journal a publié le 8 juin une information totalement mensongère et infondée selon laquelle il existe un accord entre Cuba et la Chine en matière militaire pour l’installation d’une supposée base d’espionnage», a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères, Carlos Fernandez de Cossio, dans un communiqué lu devant la presse à La Havane. Cuba «rejette toute présence militaire étrangère» en Amérique latine, «y compris les nombreuses bases militaires et troupes américaines», a ajouté le ministre, estimant que «des calomnies de ce type sont fréquemment fabriquées par des fonctionnaires des États-Unis».