Guerre en Ukraine: Dès 2001, Londres s’inquiétait d’une «intervention russe en Ukraine»

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Guerre en UkraineDès 2001, Londres s’inquiétait d’une «intervention russe en Ukraine»

Des centaines de pages d’archives du gouvernement britannique couvrant la période 2001/2002 et concernant l’Ukraine ont été rendues publiques, mercredi.

Du matériel militaire russe circule sur une route près de la frontière avec l'Ukraine, en Crimée (images d’archives).

Du matériel militaire russe circule sur une route près de la frontière avec l'Ukraine, en Crimée (images d’archives).

Sputnik via AFP

Le Royaume-Uni devrait forger «une relation plus proche» avec Kiev pour empêcher une «intervention russe en Ukraine»: cette recommandation d’un haut conseiller gouvernemental date d’il y a plus de vingt ans, révélée dans des archives rendues publiques mercredi. Dans un mémo confidentiel de juillet 2001, le conseiller en politique étrangère, Roger Liddle, évoquait le «pire» scénario que représenterait une «intervention russe en Ukraine» ainsi que la résistance à prévoir des Ukrainiens face à «l’érosion de l’indépendance durement obtenue de leur pays».

Conditions strictes posées

Le mémo, adressé au Premier ministre de l’époque Tony Blair, fait partie des centaines de pages d’archives du gouvernement britannique concernant l’Ukraine rendues publiques mercredi. Elles concernent la période 2001/2002. Elles montrent les difficultés du Royaume-Uni à répondre aux aspirations de l’Ukraine à rejoindre l’OTAN et l’Union européenne, une décennie après la chute de l’URSS. Vingt ans plus tard, l’Ukraine n’a rejoint aucune des deux organisations et l’Ukraine fait face depuis février 2022, à une invasion russe d’envergure.

Dans les archives révélées mercredi, Londres semble soutenir les ambitions occidentales de Kiev mais en posant des conditions strictes. Un mémo interne exclut par exemple la possibilité de visites d’Etat réciproques par les dirigeants ukrainien et britannique en 2002 et en 2003. Une autre note détaille l’opposition à l’époque de Londres, au fait que l’Ukraine puisse franchir une étape de plus vers l’adhésion à l’OTAN.

Kiev «est loin de remplir les critères attendus» et cela «compliquerait grandement la gestion de notre relation OTAN-Russie». A cette période -peu de temps après les attaques du 11 septembre 2001- l’OTAN et ses alliés occidentaux voulaient renforcer leurs relations avec la Russie et son président Vladimir Poutine, qui avait exprimé son soutien à la «guerre contre le terrorisme» menée par les Etats-Unis.

Dans une lettre de novembre 2001 au secrétaire général de l’OTAN, George Robertson, Tony Blair fait l’éloge «du renouveau» des liens entre Moscou à l’Alliance atlantique et se dit «convaincu» que le président russe veut «développer un nouveau partenariat avec l’OTAN».

Vision «optimiste» de Poutine

Dans ses notes, Roger Liddle – désormais membre de la chambre des Lords britannique – détaillait l’importance stratégique de l’Ukraine. Juste après avoir reçu une délégation ukrainienne au Royaume-Uni en décembre 2001, il rapportait à M. Blair que les Ukrainiens estimaient que Londres avait «une vision trop optimiste de Poutine (qui selon eux est un homme politique habile et présentable, mais pas un héros démocratique)".

Six mois plus tôt, il avait détaillé dans une lettre l’envie de Kiev de forger une «relation spéciale» avec Londres, «si seulement nous montrions plus d’intérêt». «Renforcer la démocratie et l’économie chancelantes de l’Ukraine accroît la stabilité des futures frontières orientales de l’UE et constitue une formidable barrière à toute résurgence de l’impérialisme russe à l’Ouest», affirmait-il.

«Une implosion de l’Ukraine entraînerait au mieux des pressions migratoires massives d’un pays de 50 millions d’habitants à travers une frontière poreuse de l’UE», relevait-il. «Au pire, ça pourrait mener à une intervention russe en Ukraine et à une guerre civile lancée par des Ukrainiens de l’Ouest qui résisteraient fermement à l’érosion de l’indépendance durement obtenue de leur pays.»

(AFP)

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