ChinePékin assure que les risques liés à Evergrande sont «gérables»
Le plus gros promoteur immobilier de Chine est lourdement endetté et promet d’entraîner dans sa chute une partie de l’économie. Pékin veut rassurer.
La banque centrale chinoise a jugé, vendredi, «gérables» les risques posés par l’endettement du géant de l’immobilier Evergrande pour le système financier du pays.
Le plus gros promoteur immobilier de Chine traîne une ardoise estimée à près de 260 milliards d’euros, qui menace par effet domino le reste de l’économie.
Malgré une tempête sur les marchés financiers en septembre, Pékin n’a toujours pas dit s’il se porterait ou non au secours de l’entreprise au bord de la faillite.
Evergrande, qui s’est lancé ces dernières années dans une diversification tout azimuts, se débat depuis plusieurs semaines pour honorer ses paiements d’intérêts et ses livraisons d’appartements.
«Dans l’ensemble, le risque de contagion au système financier est gérable», a estimé un haut responsable de la banque centrale, Zou Lan, cité par les médias locaux.
Les autorités «pressent Evergrande d’accroître ses efforts pour céder des actifs et accélérer la reprise des chantiers», a-t-il indiqué lors d’un point de presse.
Elles «mènent un travail d’assainissement et de résolution des risques conformément aux règles de droit et du marché», a ajouté M. Zou.
Récemment, plusieurs sous-traitants et fournisseurs s’étaient plaints de ne pas être payés. Certains ont porté leurs affaires en justice, tandis que des chantiers ont été mis à l’arrêt.
Investissements disparates
Evergrande «a été très mal géré», se diversifiant «aveuglément», ce qui a abouti à «une explosion des risques», a fustigé M. Zou.
Outre l’immobilier, la firme a investi dans le tourisme, le numérique, les assurances, la santé... mais aussi la voiture électrique.
Fondée en 2019, Evergrande Auto avait ainsi pour ambition de révolutionner le secteur et de rivaliser avec l’américain Tesla. Il n’a pour l’heure toujours commercialisé aucun véhicule.
Evergrande est aussi connu en Chine pour son club de football: le Guangzhou FC (ex-Guangzhou Evergrande), entraîné un temps par le champion du monde italien Fabio Cannavaro.
«Lignes rouges»
Le secteur immobilier a longtemps été l’une des locomotives de l’économie chinoise avec la construction de millions de logements.
Une frénésie stimulée notamment par le besoin de la plupart des Chinois d’accéder à la propriété, étape quasi obligée de la promotion sociale.
Mais face au gonflement de la dette dans l’immobilier, les régulateurs ont imposé au secteur «trois lignes rouges», des ratios prudentiels qui visent à réduire le recours à l’emprunt des promoteurs.
Les plus fragilisés peinent depuis à maintenir à flot leurs activités, alors que les ventes et prix dans l’immobilier ont fortement ralenti ces derniers mois.
Le mois dernier, Evergrande avait reconnu qu’il ne pourrait peut-être pas honorer tous ses engagements mais se défendait d’être au bord de la faillite.
Manifestations
Des dizaines de propriétaires spoliés et de fournisseurs non payés avaient manifesté le mois dernier, devant le siège d’Evergrande, à Shenzhen (sud de la Chine).
Fin septembre, le groupe a été dans l’incapacité d’honorer des remboursements d’emprunts, totalisant 131 millions de dollars (autant de francs suisses).
Et ce mois-ci, Evergrande n’a pu honorer un troisième prêt d’un montant de 148 millions de dollars (127 millions d’euros).
Le groupe dispose toutefois d’un délai de grâce de 30 jours pour chaque emprunt. La date butoir du premier paiement tombe le 23 octobre.
Mais il devra encore rembourser à ses créanciers quelque 28 millions d’euros supplémentaires avant fin octobre.