Qatar 2022Imperturbable même dans ses failles, la France fidèle à son rendez-vous final
Les Bleus n’ont pas laissé une grande impression en demi-finale contre le Maroc (2-0). Résultat: à quatre jours de la finale, leur légendaire pragmatisme est au plus haut.


C’est simple, en ce moment, d’être supporter de l’équipe de France. Votre heure finit (quasi) toujours par arriver. Il faut simplement parfois l’attendre un peu, même quand tout est dit sur le terrain. Les Bleus ont bien pu ouvrir le score dès la 5e minute contre le Maroc, s’assurer la victoire à un quart d’heure du terme, leurs quelques centaines de fans ont dû s’armer de patience, jusqu’à ce que le stade se vide en bonne partie, pour enfin se faire entendre, couverts qu’ils s’étaient trouvés par l’impressionnant brouhaha marocain. Reste que beaucoup n’avaient pas bougé de leur place, même une demi-heure après le coup de sifflet final, même si un entonnoir d’hommes de la sécurité cherchait à les pousser vers la sortie. Et qu’ils ne se sont pas gênés pour chanter leur bonheur. Même s’il est devenu commun, même s’il n’a pas été acquis avec brio. Un avant-goût de la finale?
Les trois enseignements
Le pragmatisme français va finir par avoir son nom sur la Coupe du monde. Les Tricolores ont fini dominés par le Maroc, cette équipe qui a passé le plus clair de son tournoi à défendre (à la perfection) regroupée dans son camp. Il s’en est fallu d’un poteau, d’une ou deux prouesses d’Hugo Lloris, de quelques parties de flipper à son avantage, pour que la partie ne tourne. Provoquée ou non, il existe une bonne étoile sur la tête de cette sélection. Qui pourrait bientôt se retrouver sur son maillot, au côté des deux autres.
Quel Kylian Mbappé pour la finale? Celui qui fait des étincelles à grands coups de dribbles, de chevauchées et de frappes dans la lucarne a un peu disparu depuis deux matches. Au profit de celui qui concentre le marquage défensif adverse, forcé de jouer plus simplement et pourtant encore décisif deux fois face au Maroc (certes chanceusement). Pour sûr, Mbappé n’est pas le Français qui a le plus pris de lumière depuis une semaine. Pour mieux éblouir dimanche?
Le Maroc s’en ira de Doha ce week-end, honoré d’une symbolique 3e place ou non. Reste qu’il peut être certain d’avoir quitté la «vraie» compétition mercredi dans la peau de l’équipe qui a su au mieux masquer ses faiblesses pour s’appuyer sur ses qualités. Il y avait presque quelque chose de comique à observer les Lions de l’Atlas face à la France, systématiquement choisir de passer par la droite pour créer le danger, le côté de ses deux stars Achraf Hakimi et Hakim Ziyech. Tout comme il y avait quelque chose de salutaire à la voir épouser son destin ultra-défensif face à l’Espagne et au Portugal. La finale n’était vraiment pas loin.
L’homme du match: Hugo Lloris

En se déployant de toute son amplitude sur sa gauche pour aller chercher un bijou d’Azzedine Ounahi, Hugo Lloris a fait beaucoup pour l’équipe de France à la 10e minute. L’importance de la parade en elle-même, bien sûr, sa fonction de préserver le score. Mais aussi le signal psychologique envoyé. Si un arrêt comme celui-ci est dans ses cordes, alors le Maroc devra en faire beaucoup pour en mettre un. Il n’y est jamais arrivé. Une bonne étoile, un ange gardien: les Bleus sont bien armés pour défier l’Argentine.
L’homme qui sait tout faire: Antoine Griezmann

On aurait pu le croire défenseur central en seconde mi-temps, à intercepter la moitié des ballons qui arrivaient dans la surface française. Mais non, Antoine Griezmann est toujours ce milieu de terrain qui vole avec charme et brio sur cette Coupe du monde. Ses coéquipiers peuvent le trouver partout, ses adversaires aussi, même s’ils apprécient moins. Un but en finale (il n’en a pas encore marqué) récompenserait son parcours qatarien. Une victoire sans y parvenir lui rendrait peut-être encore plus honneur.
La décla’
«Dayot Upamecano était avec nous, mais pas à 100%. Adrien Rabiot est resté à l’hôtel.»

La statistique
La France, vrai pays de football. Les Bleus se sont qualifiés pour la finale à l’occasion de quatre des sept dernières Coupe du monde. Pour un troisième titre?
La question de la finale
Le storytelling larmoyant argentin d’un côté, le froid pragmatisme français de l’autre: Qui l’emportera dimanche?