PartygateBoris Johnson joue son avenir face à une commission parlementaire
La commission doit déterminer si l’ex-Premier ministre a menti à la Chambre des Communes sur le respect des règles à Downing Street pendant la pandémie.
Boris Johnson a-t-il sciemment menti aux députés britanniques? L’ancien Premier ministre pourrait jouer son avenir politique mercredi lors d’une audition télévisée au cours de laquelle il sera longuement interrogé sur les fêtes organisées à Downing Street pendant les confinements face au Covid.
L’audition devant une commission parlementaire doit débuter dans l’après-midi et durer entre deux et quatre heures. L’ancien chef du gouvernement conservateur de 58 ans, poussé à la démission en juillet dernier après une série de scandales dont celui du «partygate», a déjà rendu public sa défense, plaidant la bonne foi dans un mémo de 52 pages publié mardi, où il pointe du doigt ses principaux conseillers.
La commission doit déterminer si Boris Johnson a menti délibérément à la Chambre des Communes, notamment lorsqu’il a affirmé en décembre 2021 devant les députés que «les règles ont tout le temps été respectées» à Downing Street pendant la pandémie.
Le «partygate», ces révélations en cascade, pendant des mois, sur les fêtes arrosées à Downing Street en plein confinement, avait suscité la colère des Britanniques qui avaient dénoncé un «deux poids deux mesures» intolérable.
Après une enquête de police, Boris Johnson et sa femme Carrie ont déjà reçu une amende en 2022 pour avoir participé à une fête surprise organisée à l’occasion de l’anniversaire du dirigeant en juin 2020. L’actuel Premier ministre Rishi Sunak s’y trouvait aussi et a aussi dû payer une amende. Si la commission conclut qu’il a menti, Boris Johnson risque de perdre son siège de député, compromettant le reste de sa carrière politique et ses espoirs de revenir un jour à Downing Street.
Dans sa défense publiée sous forme de «preuves écrites», il affirme qu’il «assume l’entière responsabilité de tout ce qui s’est passé sous (sa) surveillance» à Downing Street.
«Absence de honte»
Il reconnaît également que «plusieurs jours», «il y a eu des rassemblements» au 10 Downing Street. «Ils n’auraient jamais dû avoir lieu», poursuit-il en présentant ses excuses aux Britanniques. «Il est bien sûr vrai que mes déclarations au Parlement selon lesquelles les règles avaient été suivies à tout moment ne se sont pas avérées exactes», écrit-il. «Mais lorsque ces déclarations ont été faites, elles l’ont été en toute bonne foi et sur la base de ce que je savais et croyais honnêtement à l’époque», ajoute-t-il, en expliquant qu’il s’était basé sur ce que lui avaient dit ses principaux conseillers.
Selon des témoignages d’anciens fonctionnaires, Boris Johnson aurait pourtant plaisanté durant une fête organisée en novembre 2020, affirmant qu’elle était «la moins respectueuse de la distanciation sociale dans tout le Royaume-Uni».
Dans un rapport préliminaire début mars, la commission a indiqué que les éléments recueillis «suggèrent fortement» que les violations des règles anticovid devaient être «évidentes» pour Boris Johnson.
«La défense de M. Johnson continue de mettre en évidence son absence de honte et d’humilité», a réagi Kathryn de Prudhoe, une psychothérapeute dont le père est décédé au début de la pandémie. «Les victimes dans tout cela sont des familles comme la mienne qui ont perdu des êtres chers dans les circonstances les plus traumatisantes.»
Suspension?
Pour Bereaved Families for Justice, une organisation qui rassemble des familles qui ont perdu un proche à cause du coronavirus, «il est évident que Boris Johnson a délibérément trompé le Parlement». Le groupe qualifie d’«écœurant» le fait qu’il affirme avoir agi de bonne foi.
Si la commission d’enquête juge que Boris Johnson a délibérément menti, les députés voteront sur les sanctions qu’il pourrait encourir, y compris la suspension. Toute suspension de plus de 10 jours de séance pourrait déclencher une élection partielle dans sa circonscription, où il devrait défendre une faible majorité de 7210 voix.
S’il a démissionné en juillet après trois ans au pouvoir, Boris Johnson a tenté un retour fin octobre quand son éphémère successeure, Liz Truss, a quitté Downing Street. Malgré les scandales à répétition, ses supporters continuent de penser qu’il a été trahi par ses collègues conservateurs et voient l’audition de mercredi comme une chasse aux sorcières.