Commerce en ligneLes États-Unis poursuivent Amazon pour «monopole illégal»
L’autorité américaine de la concurrence accuse le géant de «stratégie déloyale» pour garder la main sur le commerce en ligne. Ce qui lui permettrait d’empêcher les concurrents de se développer.
L’Autorité américaine de la concurrence, la FTC, et 17 États ont porté plainte, mardi, contre Amazon, qu’ils accusent de «stratégies anticoncurrentielles et déloyales pour maintenir illégalement son monopole» sur le commerce en ligne. La FTC, aussi chargée de la protection des consommateurs, a déjà plusieurs enquêtes et plaintes en cours contre la plateforme sur différents sujets, de la confidentialité des données à ses pratiques commerciales.
«Ce n’est pas la taille d’Amazon qui est en cause», précise l’institution, mais les «méthodes illégales qui visent à exclure les concurrents, à les empêcher de se développer et à d’autres solutions d’émerger». Selon la FTC, Amazon dissuade notamment les vendeurs de proposer des prix inférieurs aux siens sur les produits où le groupe de Seattle est en concurrence avec les détaillants.
Pris en otage avec un abonnement
L’autorité reproche aussi au géant américain de conditionner l’éligibilité des commerçants à Prime (abonnement qui permet aux consommateurs de se faire livrer rapidement) à l’utilisation des services de logistique «coûteux» d’Amazon.
«Amazon exploite le pouvoir qu’elle tire de son monopole pour s’enrichir, tout en faisant monter les prix et en dégradant le service pour des dizaines de millions de familles américaines qui font leurs achats sur sa plateforme et des centaines de milliers d’entreprises qui dépendent d’Amazon» pour commercialiser leurs produits, assène la présidente de la FTC, Lina Khan.
Amazon estime «stimuler la concurrence»
«La plainte déposée aujourd’hui montre clairement que la FTC s’est radicalement écartée de sa mission de protection des consommateurs et de la concurrence», a réagi David Zapolsky, un des vice-présidents d’Amazon.
Il assure que les pratiques mises en cause par l’autorité ont au contraire «contribué à stimuler la concurrence et l’innovation dans l’ensemble du secteur de la vente au détail, permettant d’offrir un plus grand choix, des prix plus bas et des délais de livraison plus courts aux clients d’Amazon, ainsi que des occasions plus importantes pour les nombreuses entreprises qui vendent dans le magasin d’Amazon».
Relations tendues
Sous l’impulsion du gouvernement de Joe Biden, la FTC tente depuis des années de faire rentrer dans le rang les géants technologiques, régulièrement accusés d’abus de position dominante. Les relations entre l’organisation et Amazon sont particulièrement tendues.
L’agence fédérale avance sur plusieurs fronts. En juin dernier, la FTC a porté plainte contre Amazon pour avoir «piégé des consommateurs» avec son abonnement Prime, qui se renouvelle automatiquement et est «compliqué» à résilier.
L’institution a aussi attaqué le groupe sur le respect de la confidentialité des données. En mai dernier, Amazon a accepté de payer plus de 30 millions de dollars pour mettre fin à des poursuites contre Ring et Alexa (sonnettes et enceintes connectées, caméras de sécurité), deux gammes de produits qui collectent de nombreuses informations sur leurs utilisateurs.
Manque d’impartialité critiqué
La juriste Lina Khan, présidente de la FTC depuis 2021, s’était fait connaître dans le monde académique quand elle était encore étudiante, en publiant, en 2017, un article intitulé «Le paradoxe antitrust d’Amazon» dans la revue de droit de l’Université Yale. Elle y estimait que l’arsenal législatif américain était insuffisant pour lutter contre les pratiques monopolistiques de groupes comme Amazon.
En juin 2021, l’entreprise avait soumis une réclamation à la FTC, lui demandant de faire en sorte que sa dirigeante ne s’occupe pas des affaires antitrust la concernant et lui reprochant son manque d’impartialité.