Mort d’Yvan ColonnaUne série de «défaillances» et d’«erreurs» de la part des autorités
Un rapport de la commission d’enquête parlementaire pointe plusieurs manquements des institutions françaises, dans la mort du militant indépendantiste corse.
La commission parlementaire chargée d’enquêter sur l’agression mortelle dont a été victime le militant indépendantiste corse Yvan Colonna, à la prison d’Arles en 2022, a pointé une série de «défaillances», d’«inactions» et d’«erreurs» des autorités, dans son rapport publié mardi.
«Réforme impérieuse»
Ce rapport clôturant six mois de travaux émet 29 recommandations, réparties en trois axes : la «réforme impérieuse» du statut de «détenu particulièrement signalé» (DPS), le «renforcement de la détection et de la surveillance des détenus radicalisés dangereux», et l’amélioration de la prise en charge de «ceux présentant des troubles psychiatriques» Le rapporteur Laurent Marcangeli (député de la Corse-du-Sud, Horizons) et le président de la commission Jean-Félix Acquaviva (député Liot de la Haute-Corse) tiendront une conférence de presse à l’Assemblée nationale à 17H00.
Yvan Colonna, qui purgeait une peine de réclusion à perpétuité pour l’assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, avait été violemment agressé le 2 mars 2022 dans la salle de sports de la prison d’Arles par Franck Elong Abé, un homme radicalisé de 36 ans condamné notamment dans un dossier terroriste. Franck Elong Abe est mis en examen pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste. L’enquête judiciaire suit son cours. Le rapport met en parallèle la «sévérité» du traitement carcéral imposé à Yvan Colonna – le refus de lever son statut de DPS malgré un «bon comportement», empêchant ainsi son transfert vers une prison corse – et les «mansuétudes» dont a au contraire bénéficié Franck Elong Abé, également DPS.
Série d’erreurs «manifestes»
Ce dernier, aussi classé TIS (pour «terroriste islamiste") et notoirement radicalisé, était parti combattre auprès de talibans en Afghanistan, au début des années 2010, et avait multiplié les incidents en prison. Selon le rapport, le détenu, qui était atteint de troubles psychiatriques, n’aurait jamais dû être placé en détention classique et encore moins travailler, seul, au contact d’autres détenus. Le rapport parle sur ce point d’une série d’erreurs «manifestes» d’appréciation amenant à cette «prise de risque inconsidérée». Il souligne les défaillances locales en matière de sécurité et de surveillance, en partie dues aux manques de moyens, qui ont permis à Franck Elong Abé de s’en prendre violemment à Yvan Colonna, pendant huit minutes, sans être dérangé.
Parmi les recommandations, la commission suggère d’améliorer la coordination entre les différents services de renseignements, et de rendre obligatoire l’évaluation ou la réévaluation d’un détenu TIS avant son intégration en détention classique. Elle demande aussi que la prise en charge des troubles psychiatriques soit «le prochain chantier d’ampleur de l’administration pénitentiaire».