Argentine - La fête du président en plein confinement devant la justice

Publié

ArgentineLa fête du président en plein confinement devant la justice

Une enquête a été ouverte suite à la fuite d’une photo de l’anniversaire de la première dame survenu alors que toutes les activités étaient gelées. Le président devra s’en expliquer.

Le président argentin Alberto Fernández est l’objet de l’ouverture d’une enquête suite à sa participation à un dîner organisé en plein confinement l’an dernier en Argentine, un geste qui a suscité une vague de mécontentement dans le pays.

Le procureur fédéral argentin Ramiro Gonzalez a annoncé jeudi l’ouverture d’une enquête sur ce dîner, donné le 14 juillet à l’occasion de l’anniversaire de l’épouse du président, Fabiola Yanez, auquel ont également participé une dizaine d’autres invités. Tous sont concernés par l’ouverture de cette enquête, décidée en pleine campagne électorale avant les législatives partielles du 14 novembre.

Des proches de victimes du Covid-19 ont manifesté lundi à Buenos Aires contre le chef de l’Etat en déposant des centaines de pierres portant les noms des morts de la pandémie devant la «Casa rosada», le palais présidentiel à Buenos Aires.

Une photo d’anniversaire

Cette «marche des pierres» a été organisée après la diffusion il y a deux semaines d’une photo du président Fernandez en train de fêter l’anniversaire de son épouse, alors que tous les rassemblements étaient interdits pour cause de pandémie et que même les cérémonies funéraires étaient prohibées.

La photo a déclenché un tollé, y compris dans les rangs du parti péroniste, du président Fernandez.

«Je suis venue apporter les pierres de ma nièce de 31 ans et de son oncle de 58 ans. Le président faisait ce qu’il voulait pendant que nous, nous obéissions», avait déclaré lundi à l’AFP Miriam Deleppe, une manifestante.

Peu avant de prendre connaissance de l’ouverture de cette enquête, le président s’était présenté de lui-même devant la justice, proposant de réparer ses torts éventuels en donnant la moitié de son salaire pendant quatre mois à un institut de recherches en bactériologie.

Il appartient désormais au juge Sebastián Casanello de confirmer cette enquête ou d’accepter l’offre du président et de mettre fin à la procédure.

Négligence

«La célébration de l’anniversaire de Fabiola n’avait rien d’une manoeuvre délictueuse, c’était un acte d’imprudence et de négligence», a fait valoir M. Fernandez vendredi sur l’antenne de Radio 10, assurant qu’il s’était présenté «spontanément» devant la justice pour donner toutes les explications nécessaires. «C’est quelque chose qui n’aurait pas dû se produire», a-t-il encore reconnu.

Le président, lui-même professeur de droit pénal, a affirmé être «serein» car, a-t-il assuré, aucun délit n’a été commis en l’absence de cas de contamination à la suite de ce dîner.

«Je veux que les Argentins sachent que tout cela m’a blessé, m’a préoccupé. J’ai commis une erreur, un dérapage, une négligence», a-t-il insisté, assurant toutefois que pour lui, la page état désormais tournée.

Impact incertain

L’épisode a choqué les familles et proches des victimes du Covid-19 dans un pays qui a vu plus de 111.000 personnes mourir de cette maladie depuis le début de la pandémie. Plus de cinq millions d’Argentins ont été infectés par le coronavirus, dans un pays de 43,5 millions d’habitants.

La diffusion de la photo du président en pleine réunion d’anniversaire a coïncidé avec le lancement de la campagne électorale avant les primaires du 12 septembre, qui doivent décider des listes pour chaque camp politique avant ces législatives à mi-mandat du président.

Mais selon les enquêtes d’opinion, l’impact de cet épisode est encore incertain. «Après avoir consulté toutes les enquêtes, j’ai décidé d’attendre le résultat des élections», a ainsi ironisé l’analyste politique Raúl Timerman sur Twitter.

Les électeurs argentins sont appelés le 14 novembre à renouveler un tiers du Sénat, où le parti présidentiel péroniste a la majorité, et la moitié de la Chambre des représentants où l’opposition dispose actuellement du nombre de sièges suffisant pour bloquer les grands projets du gouvernement.

(AFPE)

Ton opinion