UkraineDans les zones de guerre, la hausse des bébés prématurés
Le nombre de naissances prématurées grimpe en flèche en Ukraine. En cause: le stress et les conditions sanitaires liés à la guerre.
- par
- Jonathan Zalts
Stress, mauvaise alimentation, manque d’assistance médicale: la guerre en Ukraine entraîne une hausse vertigineuse des naissances prématurées, rapporte la BBC. Dans plusieurs cliniques prénatales du pays, on estime que les bébés prématurés ont doublé, voire triplé.
À Karkhiv, ville régulièrement frappée par des bombardements russes, ces naissances représenteraient pas moins de 50% des accouchements. «Dans les zones de conflit, les femmes passent beaucoup de temps dans des sous-sols surpeuplés, où les infections sont courantes, témoigne une doctoresse locale auprès de la BBC. Il est également plus difficile pour les femmes d’accéder à une aide médicale lorsqu’elles en ont besoin.»
Si le pourcentage de naissances prématurées dans sa clinique a augmenté, la praticienne affirme que le nombre total de ses patientes a toutefois diminué, les femmes fuyant les combats de Karkhiv.
Ni boire ni manger
À Lviv, ville plus éloignée des lignes de front, on constate le scénario inverse, avec un afflux de nouvelles patientes. «Nous sommes partis à cause des bombardements massifs», raconte une mère à la BBC, expliquant avoir passé le plus clair de son temps dans un bunker depuis le début de l’invasion. Cette Ukrainienne a donné naissance à sa fille avec plus de sept semaines d’avance. Un accouchement prématuré en grande partie dû au stress de vivre cloîtré dans un abri, indique-t-elle.
Dans la même clinique, une autre femme attend des jumeaux. Enceinte de six mois, elle a fui Kiev en quête d’un endroit sûr pour accoucher. Il lui a fallu trois jours pour atteindre Lviv. Étranglée par la peur, elle n’a pu ni boire ni manger durant toute la période. «Quand je suis arrivée à Lviv, le médecin a dit que j’avais perdu 3,5 kilos et que la vie de mes bébés était en danger parce que leur développement s’était arrêté», confie-t-elle à la BBC.
Choix cruel
Alors que les hôpitaux ukrainiens n’échappent pas au risque de frappes aériennes, les mères de bébés prématurés se voient parfois imposer un choix cruel lorsque les sirènes retentissent: descendre aux abris ou rester aux côtés de leur nouveau-né placé en couveuse, trop fragile pour être déplacé. «Sur le plan émotionnel, c’est vraiment dur, confie une mère à la BBC. C’est comme si mon cœur se déchirait en deux.»
À Lviv, un bunker spécial est actuellement en construction afin d’accueillir les patients les plus fragiles.