Qatar 2022Revue d’une presse piquante après Portugal - Suisse
Les journaux suisses n’ont pas fait dans la dentelle après la lourde défaite (6-1) de l’équipe de Suisse face au Portugal, mardi. La presse internationale, elle, salue davantage les gagnants.
- par
- Rebecca Garcia
Deux ambiances après le match Portugal - Suisse. La presse helvétique s’est largement attardée sur les failles de son équipe, à commencer par celles de Murat Yakin. «Le sélectionneur joue avec le feu avec des choix abscons», écrit Daniel Visentini, journaliste de La Tribune de Genève et 24 Heures présent à Doha. Son confrère Laurent Ducret abonde en son sens dans La Liberté et Le Nouvelliste, et parle de «choix tactiques malheureux» en plus de défaillances individuelles.
Dans son article paru dans la Neue Zürcher Zeitung (NZZ), Fabian Ruch estime que Fernando Santos a donné une leçon à Yakin. Ce dernier a déclaré par la suite que «ce n’était pas à cause du système». Chose que le journaliste met en doute, d’autant plus que la formation a changé quand le sélectionneur suisse «interrompt sa folle expérience à la pause».
En d’autres termes, comme l’écrit le journal 20 minutes, «Yakin a joué, la Suisse a perdu». Et le journaliste Florian Vaney d’expliquer que «la frustration n’est pas celle d’être passée à côté de quelque chose sur le terrain. Elle a plutôt le goût de ces grandes soirées qui n’ont pas existé. Tout savant fou qu’il peut être, le sélectionneur helvétique a réalisé la plus catastrophique de ses expériences.»
En plus du système de jeu - le fameux 3-5-2 si décrié - certains joueurs suisses n’ont pas su jouer à leur niveau habituel sur le terrain. Dans l’exercice des notes, lematin.ch, La Liberté ou encore Blick ont décerné des scores inhabituellement bas pour une performance inhabituellement catastrophique.
Et plusieurs joueurs n’ont pour eux que le basique 1 de présence. Ruben Vargas en a pris pour son grade dans lematin.ch. «Comme Edimilson, il a sombré sur son côté. Et même après la pause. Beaucoup trop de naïveté dans les placements. Une aubaine pour les Portugais, qui ont mangé les espaces laissés», lance Daniel Visentini à l’égard de l’ailier d’Augsburg.
Les mots les plus durs proviennent peut-être de Pierre Schouwey dans La Liberté.ch. Comment résume-t-il le match de Fabian Schär? «Oublie curieusement de mettre son pied en opposition sur l’ouverture du score, entre autres étourderies. Le défenseur de Newcastle - malade, lui aussi? - réussit néanmoins l’exploit de faire passer l’entrée en jeu d’Eray Cömert pour une bonne nouvelle.» Un K.O et une balle perdue.
Historique à différents niveaux
Plus généralement, la Suisse vacille entre cauchemar et humiliation dans les titres nationaux. Surtout que les espoirs placés en l’équipe étaient élevés. «Alors qu’elle se sentait plus légitime que jamais à prétendre à une place en quarts de finale, elle n’en a jamais été aussi loin sur la pelouse», observe Lionel Pittet, présent à Doha pour Le Temps. Le Nouvelliste insiste sur la soirée cauchemardesque d’une équipe qui a subi un «naufrage total».
Mais face aux décisions contestables et contestées de Yakin, il y avait aussi l’inspiration de son homologue. «La non-titularisation de Cristiano Ronaldo était, bien sûr, «la» mesure forte prise par Fernando Santos», affirme Laurent Ducret. Le Blick est allé jusqu’à titrer: «Le remplaçant de Ronaldo démolit la Nati».
Car oui, l’absence de Cristiano Ronaldo dans le onze de départ portugais avait fait couler de l’encre. «Cela faisait 6747 jours depuis que le Portugal avait commencé un match en tournoi compétitif sans Ronaldo, contre la Russie à l’Euro 2004», rappelle Jonathan Wilson dans The Guardian. Et voilà qu’apparaît Gonçalo Ramos. «En 17 minutes, il avait déjà marqué plus de buts dans les phases éliminatoires de la Coupe du monde que Ronaldo.»
La presse internationale se montre généralement plus impressionnée par le Portugal que choquée de la Suisse. Dans son article – «Pas de Ronaldo, pas de problème» – Régis Dupont décrit dans L’Equipe une Seleçao plus brillante que jamais. «Et quand les futures générations reviendront sur cette soirée où l’équipe de Fernando Santos a enchanté le monde, elles passeront vite sur la responsabilité de l’équipe de Murat Yakin, très vite dépassée par les événements.» Une équipe de Suisse qu’il voit «victime de ses limites et d’une histoire qui la dépasse».
Mais cette même équipe n’était-elle pas souffrante? «L’entraîneur suisse Murat Yakin affirme qu’une maladie a perturbé la préparation face au Portugal», glisse Charlotte Harpur dans l’après-match, sur The Athletic. La journaliste revient sur les virus grippaux qui ont touché Elvedi, Schär et Widmer. «Mais Yakin a fait comprendre que ces absences n’étaient pas la cause de la défaite de la Suisse.»