Procès BenallaAlexandre Benalla a un «goût certain pour l’action», selon un ancien gendarme
Au dixième jour de son procès, l’ex-garde du corps de Macron a cité à la barre d’anciens employeurs avant d’évoquer sa vie «un peu chaotique» après son limogeage de l’Élysée.
Dépeint comme «volontaire» et «loyal» dans sa jeunesse, par deux témoins cités par la défense, Alexandre Benalla a évoqué mercredi à son procès sa vie après l’Élysée et de nouveau contesté des enregistrements qui lui ont valu une semaine de prison.
Au dixième jour d’audience, le tribunal a examiné, comme il est d’usage, la personnalité des prévenus.
L’ancien commandant d’une compagnie de gendarmerie de l’Eure, qui a fait appel à lui pour des «missions nocturnes» en tant que gendarme réserviste, en 2010-2011, a parlé d’un jeune homme avec un «excellent esprit d’initiative», un «goût certain pour l’action» et un «esprit de discipline».
Un ado avec la protection rapprochée «dans les gènes»
L’ex-responsable du service de sécurité du Parti socialiste, Éric Plumer, qui lui a «donné sa chance» à 17 ans et l’a considéré ensuite comme son «bras droit», a décrit un adolescent qui «fonctionnait très, très bien», avec la protection rapprochée «dans [les] gènes».
Par ailleurs, Alexandre Benalla a été interrogé sur des enregistrements publiés par Mediapart début 2019, dans lesquels il se targue notamment auprès de son coprévenu et ami Vincent Crase du «soutien du patron», Emmanuel Macron.
Or, selon le site, la conversation date du 26 juillet 2018, moment où les deux hommes, mis en examen pour «violences» lors de la manifestation du 1er Mai, n’avaient pas le droit de se voir. Leur contrôle judiciaire avait été révoqué. Ils avaient obtenu leur remise en liberté en appel une semaine plus tard.
«J’ai toujours nié, je continue à nier», a dit Alexandre Benalla, disant attendre l’issue d’un recours à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).
En décembre 2020, la Cour de cassation a refusé d’invalider les enregistrements.
13’000 à 14’000 euros en deux mois
Alexandre Benalla a ensuite décrit sa vie «un peu chaotique» après son limogeage de l’Élysée en juillet 2018. Il a déclaré avoir rencontré l’homme d’affaires Philippe Hababou Solomon, qu’il a accompagné pour des voyages en Afrique notamment. Il est aussi jugé pour avoir utilisé frauduleusement ses passeports diplomatiques à cette époque.
Il vivait alors à Londres et a gagné «13’000 à 14’000 euros» en deux mois, a-t-il dit, affirmant regretter cette «expérience».
Il a ajouté s’être ensuite installé au Maroc et avoir monté une structure de conseil, parlant d’un contrat avec le milliardaire russe Farkhad Akhmedov pour 353’000 euros, «déclarés au fisc», a-t-il insisté.
Consultant pour une ONG suisse
Revenu en France en octobre 2019, il a fondé une autre société de conseil en «intelligence économique, risk management et cybersécurité». Depuis mai, il est aussi consultant d’une ONG suisse avec pour but «d’organiser, dans les deux ans, un séminaire international sur la résilience».
Pour son livre (publié en 2019), il a perçu une avance de droits d’auteur de 130’000 euros, a-t-il ajouté.
Une enquête ouverte par le Parquet national financier, visant Alexandre Benalla et Vincent Crase au sujet d’un contrat de sécurité signé en juin 2018 avec un autre oligarque russe, Iskander Makhmudov, est toujours en cours. Elle porte notamment sur des soupçons de corruption.