Cinéma: «Un chat vit sa vie devant la caméra»

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Cinéma«Un chat vit sa vie devant la caméra»

Avec son film «Mon chat et moi», le réalisateur Guillaume Maidatchevsky a séduit la pasionaria des chats Tomi Tomek.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

«Mon Chat et moi», c’est un film qui raconte le destin d’un chat contraint de passer des toits de Paris à une maison de campagne, lorsqu’il est adopté par une fillette. Dans cette fiction qui sera diffusée sur les écrans romands dès mercredi prochain, le réalisateur Guillaume Maidatchevsky ne s’adresse pas qu’aux amoureux de la nature: il est question de liberté de l’individu et de respect d’autrui.

«Avant de protéger, il faut émerveiller…», suggère le réalisateur normand, biologiste marin à Caen avant de saisir une caméra. «Mon chat et moi» n’est pas un documentaire animalier «qui intéresse ceux qui le sont déjà», selon les propos de Guillaume Maidatchevsky, pour qui un bon film repose sur une belle histoire. Le sien exprime le point de vue du chat.

Trois chats tigrés

Trois chats tigrés ont incarné Rroû, le chat adopté par Clémence, selon une libre adaptation d’un livre de l’écrivain et naturaliste français Maurice Genevoix, publié en 1931. Le chat principal n’était ni peureux, ni joueur, au contraire des deux autres. «Le défi consistait à les faire se ressembler», glisse Guillaume Maidatchevsky.

«Les heures supplémentaires sont interdites pour les animaux sur un plateau», est-il précisé dans le dossier de presse, lequel mentionne aussi que les animaux sont «sans stress»…

Conte de fées

Le tournage avec les animaux a duré 65 jours, à raison de quatre heures par jour, dans une forêt des Vosges aux allures de conte de fées. L’équipe qui s’occupait des animaux était composée de deux à quatre personnes, selon les scènes tournées, avec une découverte du lieu de tournage en amont, par périodes de 20 minutes.

L’astuce consistait à placer trois caméras, au cas où le chat ne se dirigeait pas dans le sens prévu. Une scène ne se prépare pas: «Un chat vit sa vie devant la caméra: on ne refait pas quarante fois la même prise…», précise le réalisateur. Hors plateau, les animaux étaient hébergés dans un centre équestre.

Odeurs et sons

«Un chat ne se dresse pas: on le stimule avec des jouets, des odeurs, des sons…», est-il précisé. Les animaux ont été fournis par la dresseuse Muriel Bec, coach animalière à Orléans pour le cinéma français. La particularité de Guillaume Maidatchevsky, c’est de filmer les animaux comme on filme des comédiens, à hauteur de regards: «Je n’ai pas filmé pas en plongée», précise-t-il.

Rroû n’est pas un chat noir, comme dans le livre, mais tigré: «À l’image, un chat noir n’est pas suffisamment expressif», observe Guillaume Maidatchevsky. S’il a choisi un chat commun, c’est pour que chacun s’y retrouve.

Impact politique

Coproduit par la société de production neuchâteloise «JMH & Filo Films», «Mon Chat et Moi» plaît à la pasionaria des chats Tomi Tomek, gérante du refuge «SOS Chats» à Noiraigue, une structure associée à une avant-première du film ce dimanche à Couvet. «Il pourrait avoir un impact politique sur la population et les politiciens, en favorisant notre combat contre l’abandon des chats domestiques ou de fermes», glisse l’activiste.

«La mère du petit Rroû était certainement abandonnée», extrapole Tomi Tomek, qui milite pour le marquage des chats par une puce, pour la stérilisation et la castration des chats domestiques et errants, l’euthanasie abusive étant son dernier combat.

Avec amour

«Le film montre clairement qu’on peut suspendre l’euthanasie d’un chat malade ou blessé, à condition de bien le soigner et de s’en occuper avec amour», estime Tomi Tomek. «Le film montre aussi qu’on peut apprivoiser un chat et le rendre domestique, mais en lui laissant une possibilité de sortir et de se dépenser», dit-elle.

«Le petit Rroû se fait des copains et court dans la forêt, mais il revient vers celle qui s’en occupe», raconte Tomi Tomek. Moralité: «Si quelqu’un adopte un chaton, il faut être préparé à sa dépense d’énergie pendant sa jeunesse: il va faire des bêtises, fera tomber des objets, fera ses marques et se fera les griffes…». Dernière mise en garde: «Un chat n’est pas un jouet: on ne doit pas en faire cadeau».

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