«Black Mirror» sur Netflix: une mini-sortie de route

Publié

Télévision«Black Mirror» sur Netflix: une mini-sortie de route

Sur les cinq épisodes que compte la toute fraîche sixième saison, trois sont hors sujet. Chronique sans spoilers d’un curieux dérapage.

Jean-Charles Canet
par
Jean-Charles Canet
Kate Mara est Lana et Aaron Paul est Cliff dans «Mon cœur pour la vie», l’épisode 3 de la saison 6 de «Black Mirror».

Kate Mara est Lana et Aaron Paul est Cliff dans «Mon cœur pour la vie», l’épisode 3 de la saison 6 de «Black Mirror».

Nick Wall/Netflix

Depuis sa création pour une chaîne de télévision britannique avant d’être rapatriée sur Netflix, la formule de la série «Black Mirror» n’a guère dévié: il s’agit d’une anthologie, donc chaque épisode est autonome mais ces derniers sont reliés par une thématique commune: les nouvelles technologies et ce qu’elles provoquent ou pourraient provoquer dans notre vie d’animal social. Et comme les timoniers du show sont plutôt du genre caustique, ce sont surtout les effets pervers qui les intéressent avec un ton qui va de l’humour noir au cauchemar éveillé.

La saison 6 que Netflix vient de mettre en ligne, comporte cinq épisodes inédits. Mais à notre grande surprise, seuls deux d’entre eux semblent coller à la formule du «Black Mirror», soit l’écran brisé d’un smartphone.

Il s’agit du premier épisode «Joan est horrible» et du troisième «Mon cœur pour la vie». Les trois autres ont totalement évacué les nouvelles technologies de l’équation pour se cantonner dans le thriller touristique, le fantastique de monstre ou l’épouvante de fin du monde avec des pépites d’humour à tous les étages.

Ordinateur quantique et IA

Le plus brillant des épisodes dans les clous, «Joan est horrible», s’attache à trouver un usage au mariage de l’ordinateur quantique et de l’intelligence artificielle. Avec un joli exercice d’autodérision de la part de Netflix, rebaptisé Streamberry. Distribution, humour et vertige: tous les éléments qui font les grands crus sont réunis.

Excellent aussi mais plus posé, «Mon cœur pour la vie» imagine un usage pour le transfert de la conscience d’un corps à l’autre: permettre à un astronaute en mission de longue durée dans l’espace de retrouver périodiquement les siens dans le corps d’un clone androïde. C’est le plus long du lot, avec un final qui fait froid dans le dos.

Au-dessus du lot

Quant aux trois autres, les hors sujets en quelque sorte, ils se caractérisent au moins par une écriture et une facture au-dessus de la moyenne avec une mention toute particulière pour «Loch Henry» qui narre l’élaboration compliquée d’un documentaire dans une région d’Écosse désertée par les touristes suite à une sordide affaire de meurtres en série. «Mazey Day» et «Demon 79» nous ont paru plus anecdotiques malgré quelques éclats.

Hors sujet ou pas, on sait qu’avec une anthologie il est difficile d’apprécier tous les parfums d’une même boîte de chocolats. Et sur ce plan au moins, «Black Mirror» est constant.

Ton opinion

1 commentaire