États-UnisUn accord de dernière minute au Sénat pour éviter un «shutdown»
Les élus américains ont trouvé vendredi à la dernière minute un accord pour éviter un nouveau «shutdown».
Le chef démocrate du Sénat américain a annoncé vendredi soir un accord sur le budget, quelques minutes seulement avant que la première puissance économique mondiale ne risque de glisser dans un «shutdown» -- la paralysie de ses services publics.
«Nous venons de parvenir à un accord pour financer l’État fédéral», a déclaré Chuck Schumer depuis l’hémicycle. Les sénateurs n’ont pas approuvé ce texte avant l’échéance fatidique de minuit vendredi, censée déclencher cette paralysie.
Mais les élus vont tenir une série de votes au milieu de la nuit qui devraient, sauf énorme surprise, aboutir à l’adoption finale de cette loi de finances de 1200 milliards de dollars (1080 milliards de francs). Ce petit retard devrait être sans grande conséquence sur les ministères américains qui risquaient de se voir priver de financements, faute d’accord.
Une année de pagaille
Plus qu’un grand danger pour les États-Unis, ces rebondissements de dernière minute illustrent la pagaille qui règne au Congrès américain. Au cours de la dernière année, l’institution a destitué un de ses leaders, échoué à envoyer des fonds pour l’Ukraine et évité, seulement de justesse, la banqueroute de la première puissance économique mondiale.
Vendredi matin, le vote du budget de l’État fédéral à la Chambre des représentants, qui devait elle aussi approuver ce texte, a d’ailleurs été le théâtre de rebondissements spectaculaires.
Quelques minutes après le vote, l’élue Marjorie Taylor Greene, proche de Donald Trump, a déclaré avoir déposé une motion pour évincer le dirigeant de l’institution, le républicain Mike Johnson, qu’elle a accusé de «trahison». Une poignée d’élus ultra-conservateurs reprochent au républicain, en poste depuis octobre, d’avoir fait un trop grand nombre de concessions budgétaires aux démocrates.
Déjà-vu
Ce coup de théâtre a aussi un air de déjà-vu. L’ancien «speaker» de la Chambre, Kevin McCarthy, avait été destitué il y a seulement quelques mois dans un scénario très similaire. Mike Johnson sera-t-il le deuxième leader républicain à faire les frais de tractations budgétaires?
La tension qui règne autour de l’adoption de ces lois de finances est telle que les États-Unis ne sont pas parvenus jusqu’ici à adopter un quelconque budget pour 2024 -- une situation à laquelle aucune autre grande économie mondiale n’est confrontée.
Ils ont à la place fonctionné durant des mois via l’adoption de mini-budgets, expirant au bout de quelques semaines, un casse-tête pour les ministères américains.
Fonds coupés pour l’Unrwa
S’il est bien adopté, le projet de loi débattu cette semaine prolongera le budget américain jusqu’à la fin de l’exercice financier, soit le 30 septembre. Ce texte de 1012 pages, fruit de tractations très acrimonieuses, contient des mesures qui auraient de fortes répercussions à l’étranger.
Le texte interdit ainsi tout financement direct des États-Unis à l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, l’Unrwa, au cœur d’une controverse depuis qu’Israël a accusé fin janvier 12 de ses quelque 13’000 employés à Gaza d’être impliqués dans l’attaque meurtrière du 7 octobre perpétrée par le Hamas.
Le projet de loi contient aussi des centaines de millions de dollars pour Taïwan, mais ne débloque aucun financement pour l’Ukraine, l’enveloppe pour Kiev faisant l’objet de négociations séparées.