France: Double meurtrier, il est libéré avant son procès

Mis en examen pour deux assassinats, un homme a été libéré après 4 ans de prison préventive en Normandie. Même s’il a reconnu les meurtres, il restera libre jusqu’au procès. Les familles des victimes sont outrées par cette décision.

Cette situation est due à un enlisement judiciaire. Le juge d’instruction chargé du dossier est tombé malade et n’a pas été remplacé, relate BFMTV. La crise sanitaire n’a pas aidé non plus. Résultat: l’instruction n’est toujours pas terminée 4 ans après les faits.

En France, sauf si certaines conditions sont réunies, une détention provisoire en matière criminelle ne peut pas durer plus de 4 ans. «Une des conditions principales est le risque de récidive. Le juge d’instruction n’a jamais retenu ce risque, il aurait fallu tordre la loi pour que la chambre de l’instruction de la cour d'appel le retienne», explique Fabien Picchiottino, l’avocat du tueur.

La cour d'appel de Rouen n’a donc pas eu le choix et a dû libérer le tueur. Les défenseurs des victimes admettent la logique judiciaire. Mais pensent à leurs clients. «Sur le plan juridique, la décision est logique mais sur le plan humain c’est très choquant. Quand on est en souffrance de la perte d’un enfant, l’aspect juridique est difficilement acceptable», souligne Stéphanie Audra-Moisson, avocate de la famille Noureux.

On peut comprendre le désarroi des proches des deux victimes. Le 5 février 2019, Caroline Noureux et son conjoint Christophe Granger sont chez eux, à Eu, en Seine-Maritime, lorsqu’un homme fait irruption armé d’un fusil de chasse. Il tire et les abat tous les deux, les tuant sur le coup.

Le tueur est l’ancien mari de Caroline Noureux. Ils ont un enfant, 6 ans à l’époque du drame.

L’homme a été mis en examen pour assassinats. Pour la justice, tout avait été prémédité. Le tueur, lui, prétend que son intention première était de se donner la mort devant le couple. Il reconnaît donc les meurtres, mais pas la préméditation, pas les assassinats.

«Il m’a appelée dans la nuit du 4 au 5 février 2019 pour me dire qu’il les avait tués, ce coup de téléphone je l’entends encore dans mes oreilles, c’était épouvantable», témoigne Claude Noureux, la mère de la jeune femme. Qui s’est dite «sidérée» par la libération du meurtrier de sa fille.

Le tueur est donc désormais libre, sous contrôle judiciaire. Il doit se présenter plusieurs fois par semaine au commissariat, doit résider dans la Somme et a l’interdiction d’entrer en contact avec certaines personnes.

Les proches des victimes se disent choqués. Et s’ils ne semblent pas craindre une récidive, ils peuvent redouter que le tueur tente de se volatiliser. «J’espère qu’il ne prendra pas la fuite et qu’il se présentera devant la cour comme il l’a affirmé devant la cour d'appel», commente l’avocate Stéphanie Audra-Moisson.