Jura bernoisLes anarchistes aussi se font vacciner
À St-Imier (BE), berceau anarchiste depuis 1872, l’animateur de la coopérative «Espace Noir» n’obéit pas aux politiciens, mais il écoute les scientifiques.
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Michel Némitz devant la coopérative «Espace Noir»: «Je suis entièrement vacciné depuis plusieurs semaines».
Lematin.ch/Vincent DonzéQue fait un anarchiste face à la pandémie? Est-il enclin à descendre dans la rue pour s’opposer au port du masque ou au passeport vaccinal? Journaliste au «Journal du Jura», Blaise Droz s’est entretenu avec deux animateurs de la coopérative «Espace Noir», fondée à St-Imier (BE) en 1986, dont sa figure tutélaire Michel Némitz (62 ans). Le constat du journaliste: «Leur objectif visant une société sans hiérarchie n’exclut en rien l’existence d’une organisation sociale encourageant la responsabilité de chacun».
«Je suis entièrement vacciné depuis plusieurs semaines», annonce Michel Némitz. Par obéissance ou par conviction? «Je l’ai fait sans hésiter non pas parce que les politiciens me le demandent, mais parce que des scientifiques me le recommandent», indique l’anarchiste, observant au sujet du président français Emmanuel Macron que «des méthodes trop autoritaires sont contre-productives»
Gros problème sociétal
«J’ai confiance dans les choix de la communauté scientifique», reprend Michel Némitz, en promettant de ne jamais parler autour d’une table de bistro comme s’il était épidémiologiste… Pas de rébellion? «Les milieux anarchistes font preuve de compréhension et de volontarisme lorsqu’un gros problème sociétal se présente», affirme Michel Némitz.
S’il juge «compréhensible» de respecter les intérêts personnels de chacun en évitant au maximum les contraintes, l’anarchiste de St-Imier trouve «nécessaire» de respecter «les règles que l’on sait bonnes afin de protéger l’ensemble de la collectivité».
Notion du «moi»
Vacciné lui aussi, son acolyte Axl Van der Beken (26 ans) ne dit pas autre chose: «La liberté ne peut pas s’exercer sans responsabilité», dit-il. Selon lui, ceux qui manifestent contre les mesures sanitaires ne défendent que la notion du «moi» et n’ont pas de pensée globale.
«Si nous acceptons des contraintes évidentes face à cette pandémie, ce n’est pas tant par crainte pour nous-mêmes que par la volonté de nous donner les moyens d’en sortir aussi vite que possible avec un minimum de dégâts humains», estime Axl Van der Beken.
Paroles d’anarchistes, dans une cité où Mikhaïl Bakounine a fondé en 1872 l’Internationale antiautoritaire qui passe pour l’acte fondateur de l’anarchisme et où le théoricien russe opposé au philosophe socialiste et communiste allemand Karl Marx possède une rue à son nom depuis 2017.