HaïtiL’ONU s’alarme de la violence des gangs dans le pays
L’ONU s’est dite vendredi inquiète de l’expansion de l’activité des gangs, qui sévissent impunément dans la capitale Port-au-Prince et dans la vallée de l’Artibonite.
«Les gangs ont instauré un climat de terreur, caractérisé par des pillages, assassinats, enlèvements, destructions, extorsions, détournements de camion de marchandise et des actes de viol sur des jeunes filles et femmes», alerte dans un communiqué le bureau des Nations unies en Haïti.
Depuis le mois d’octobre, l’ONU a recensé «au moins 69 meurtres par balles et 83 personnes blessées» dans cette région rurale, située à une centaine de kilomètres au nord de la capitale, où «les récoltes et les bétails des paysans sont systématiquement volés».
La plus récente vague de violences, déclenchée fin janvier par le gang Baz Gran Grif a notamment inclus une attaque contre un commissariat, au cours de laquelle sept policiers ont été tués, précise le communiqué. Les Nations unies signalent en outre que les agents d’au moins cinq postes de police dans la zone «ont été contraints de fermer les portes» de leurs commissariats.
Des milliers d’habitants contraints de fuir leurs villages
Face à ces violences, des milliers d’habitants ont dû fuir leurs villages, et l’ONU se dit préoccupée par les conséquences humanitaires de cette rapide expansion de la criminalité dans ce département haïtien. «En raison de l’insécurité, l’hôpital Albert Schweitzer, situé dans la ville de Deschapelles et qui fournit des services à environ 700’000 personnes dans la région, a suspendu toutes ses activités depuis le 16 février», signale l’organisation, tout en rappelant que «plusieurs écoles dans la ville restent fermées».
Longtemps cantonnés aux quartiers très pauvres du bord de mer de la capitale Port-au-Prince, les gangs ont, depuis 2020, grandement accru leur emprise à travers Haïti, dont ils contrôlent désormais plus de la moitié du territoire. Ces bandes criminelles procèdent quotidiennement à des enlèvements dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, exigeant des dizaines voire centaines de milliers de dollars américains aux proches de leurs victimes, le plus souvent agressées sexuellement pendant leur captivité.
En 2022, l’ONU a enregistré 1359 enlèvements et plus de 2000 meurtres en Haïti, soit un tiers de plus que l’année précédente.