ÉquateurDes affrontements entre prisonniers font près de 70 morts
Moins de deux mois après des violences qui avaient fait 119 morts, au moins 68 prisonniers ont perdu la vie, en Équateur, dans des heurts entre gangs dans un établissement pénitentiaire à Guayaquil.
Dans le sud-ouest de l’Équateur, des affrontements entre gangs de détenus dans une prison de Guayaquil - théâtre, fin septembre, d’un des pires massacres de détenus en Amérique latine, avec 119 tués - ont fait au moins 68 morts dans la nuit de vendredi à samedi.
«Selon des informations préliminaires, près de 68 personnes ont été tuées et 25 autres blessées», a annoncé le bureau du procureur général. Un premier bilan de la police faisait état de 58 morts dans ces violences, marquées par des actes d’une grande «sauvagerie», selon les autorités. L’intervention de la police pour tenter de rétablir l’ordre dans la prison a «sauvé des vies», a déclaré Pablo Arosemena, gouverneur de la province de Guayas, dont la capitale est Guayaquil.
Plus de 250 morts depuis janvier
«Ces événements sont le résultat d’une dispute territoriale entre bandes criminelles à l’intérieur du pénitencier», a expliqué la patronne de la police, Tannya Varela. «Ce qui s’est passé hier, de manière plus violente que d’habitude, a commencé vers 19h lorsque, suite à une alerte, la police nationale a mis en œuvre les protocoles pour contenir la violence à l’intérieur du centre pénitentiaire», a-t-elle expliqué.
Des images diffusées sur les réseaux sociaux, dont l’authenticité n’a pas été confirmée de source indépendante, montraient des détenus, en pleine nuit dans une cour de l’intérieur de la prison, s’acharnant à coups de bâtons sur un tas de corps entassés, inanimés et en train de se consumer dans les flammes. «Nous sommes enfermés dans notre pavillon. Ils veulent nous tuer tous», appelait au secours, dans une autre vidéo, un prisonnier du bloc attaqué. «S’il vous plaît, partagez cette vidéo, s’il vous plaît, aidez-nous!», implorait ce détenu, avec en arrière-fond sonore des détonations répétées.
Plus de 300 morts depuis janvier
Le 28 septembre, 119 personnes sont mortes dans la prison de Guayas 1, le plus grand massacre de l’histoire carcérale de l’Équateur et l’un des pires en Amérique latine. Certains détenus avaient été démembrés ou brûlés dans de violents affrontements entre gangs liés aux narcotrafics et aux cartels mexicains.
Dans cette prison, qui abrite 8500 détenus et dont la surpopulation atteint 60%, selon les chiffres officiels, la violence n’a pas cessé depuis. Après les incidents de septembre, quinze autres détenus ont été tués, ce qui porte le total à 134. Les émeutes dans les prisons équatoriennes ont fait plus de 300 morts depuis le début de l’année. En février, 79 détenus sont morts dans des émeutes simultanées dans quatre prisons.
Le massacre de septembre a incité le gouvernement équatorien à déclarer l’état d’urgence pour le système pénitentiaire pendant soixante jours, l’armée épaulant la police pour tenter de faire régner l’ordre dans les 65 prisons du pays. Elles peuvent accueillir 30’000 personnes, mais sont occupées par 39’000 détenus, soit une surpopulation de 30%.
Samedi, au petit matin, comme ce fut le cas lors du massacre du 28 septembre, des familles de détenus étaient rassemblées devant le pénitencier de Guayaquil, tentant de prendre des nouvelles de leurs proches ou criant de désespoir à l’annonce de la mort d’un des leurs.