FootballHumeur: Tout le monde peut encore croire qu’il est le meilleur
Alors que le championnat reprend dans deux semaines en Suisse, chacun est – encore – libre de s’inventer des destins radieux. S’il y a un moment pour rêver dans une saison, c’est maintenant. Avant les premières emmerdes…
![Nicolas Jacquier](https://media.lematin.ch/4/image/2023/10/26/823d0b40-9603-4069-a7dd-0851b2f7085c.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=crop&w=400&h=400&rect=0%2C0%2C1181%2C590&fp-x=0.5004233700254022&fp-y=0.5&crop=focalpoint&s=9be3e64884202a2f1731dd022d70a565)
![Pour le FC Sion, ici à l’entraînement sur les hauteurs de Crans-Montana, comme pour toutes les autres équipes de Swiss Football League, la période est propice à tous les rêves. Pour le FC Sion, ici à l’entraînement sur les hauteurs de Crans-Montana, comme pour toutes les autres équipes de Swiss Football League, la période est propice à tous les rêves.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/08/028f6bcf-2f1b-4b50-a10e-fb520874b28a.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1365&fp-x=0.5&fp-y=0.5003663003663004&s=1c6edee5ac6f4b1b5c355d7ea210be4e)
Pour le FC Sion, ici à l’entraînement sur les hauteurs de Crans-Montana, comme pour toutes les autres équipes de Swiss Football League, la période est propice à tous les rêves.
Urs Lindt/freshfocusCes jours-ci, on vit une époque formidable, incontestablement la meilleure de la saison dans un exercice 2022-2023 qui n’a pourtant pas encore commencé. Une période bénie où chacun peut encore s’inventer un destin, croire que la (future) réalité des points coïncidera avec ses rêves de grandeur. Ou imaginer que le mercato qu’il est en train de réaliser est de nature à faire le champion de demain, sinon la surprise.
Alors que les équipes de Swiss Football League se préparent et transpirent en enchaînant les tours de terrain, le champ des possibles demeure encore sans frontières ni surtout adversaires pour contrecarrer tout ça.
Pour la seule fois de l’année, on peut rêver sans limites et cela ne coûte pas cher. Dirigeants, coaches, joueurs, supporters ou même suiveurs, tout le monde peut s’y mettre.
Une vie sans classement
Jusqu’au 16 juillet à 18 h, coup d’envoi de la Super League (précédé la veille déjà par le lever de rideau en Challenge League), la liberté de penser n’a pas de barrières. Elle reste suspendue dans l’air, sans fracassant retour de balancier ni jugement de valeurs. Parce que dans moins de trois semaines, les premières vérités du terrain auront vite fait de rattraper les idéalistes. Quand le camp des vainqueurs s’opposera alors à celui des perdants.
Pas de classement d’ici là? Yuppie, profitons-en tant que l’on peut…
En Valais, les fans déçus de Tourbillon ont ainsi tout loisir de se demander si le FC Sion du Paolo Tramezzani «nouveau» sera toujours aussi peu spectaculaire, parfois même ennuyeux, que le précédent, ou si une embellie illuminera leur quotidien. Pour ce que l’on a pu en voir jusqu’à présent, le changement n’est pas garanti. Pour la révolution du jeu, il faudra peut-être passer son tour en même temps que son chemin.
À Genève, les amoureux-ses du Servette peuvent toujours croire très fort que Philippe Senderos va se réveiller pour leur offrir les transferts qu’Alain Geiger se languit de ne pas voir arriver. Pour le moment, le directeur sportif «grenat» en est quitte pour gérer les dossiers ouverts, dont celui de Gaël Clichy, toujours en stand-by. Et pendant que ça discute, le temps file.
À Lausanne, les relégués de la Tuilière auront-ils vraiment surmonté les conséquences de leur chute et Ludovic Magnin transformé des losers en vainqueurs? Les premiers indices semblent plutôt encourageants…
À Neuchâtel, Xamax se prépare sans faire trop de bruits. Et si la bonne surprise venait de la Maladière? Certains y croient sans que l’on puisse leur donner tort. À moins que Yverdon, ou peut-être le SLO, ne vienne déjouer les pronostics…
Le miroir des chimères
Cette période merveilleuse durant laquelle tout le monde peut - encore - se croire le meilleur s’accompagne des inévitables séances de team building, autant de séances destinées à renforcer la cohésion. C’est ici une sortie en rafting, à l’instar du LS domptant les eaux tumultueuses du Rhône, c’est là un repas d’équipe sans les coaches, c’est ailleurs une excursion sur l’Alpe. À l’image des joueurs et du staff de Grasshopper, avalant ce mercredi 750 mètres de dénivelé pour rejoindre Cry d’Er à pied depuis Crans-Montana comme s’ils arrivaient sur le Toit du Monde. Pour le FC Zurich, champion sortant et tous ses prétendants, il faudra d’autres exploits pour parvenir au sommet de la Super League et espérer s’y maintenir.
Une vérité demeure: tant que l’on ne joue pas, ou uniquement pour beurre et donc amicalement, rien ne compte. Gagner ou perdre n’a aucune signification, excepté celle d’emmagasiner quelques fragiles certitudes. Le miroir des chimères renvoie à chacun, chacune des illusions qui ne sont pas encore perdues. Puis viendront dans quelques jours la fin du rêve et le début des emmerdes. Les premières défaites, les premiers questionnements, les premiers doutes et très vite les premières crises qu’il faudra savoir gérer.
Jusqu’au coup d’envoi de la prochaine saison, chacun peut toujours espérer en être dispensé. À l’arrivée, qui aura eu raison d’avoir rêvé plus fort? Ces jours-ci, le suspense est certes total mais confortable avant tout.