Catastrophes naturellesLe risque sanitaire vient plus des survivants que des cadavres
Les dépouilles des victimes de catastrophes naturelles ne présentent pas de risque particulier pour la santé, rappelle la Croix-Rouge. Les survivants, eux, peuvent propager des maladies.
Comme en Libye, frappée par des inondations meurtrières, ou au Maroc, ébranlé par un violent séisme, les catastrophes naturelles peuvent causer des milliers de victimes. Enterrées sous les décombres, jonchant les ruines ou flottant sur l’eau, elles présentent un spectacle terrible qui incite souvent à enterrer les dépouilles au plus vite.
En règle générale, les dépouilles des victimes d’une catastrophe naturelle – ou d’un conflit – ne provoquent pas d’épidémies, car les personnes meurent à la suite de blessures, de noyade ou de brûlures et ne sont donc d’ordinaire pas porteuses d’organismes susceptibles de provoquer des épidémies, selon l’OMS et la Croix-Rouge. Les corps ne constituent qu’un risque sanitaire «négligeable».
Il en va bien sûr autrement des décès provoqués par des maladies hautement infectieuses, comme le choléra ou les maladies à virus Ebola ou Marburg, ou lorsque la catastrophe se produit dans une région où une de ces maladies est endémique. «Ceux qui survivent à un événement tel qu’une catastrophe naturelle sont plus susceptibles de propager des maladies que les cadavres», insiste le responsable de l’unité médico-légale du CICR, Pierre Guyomarch.
Il faut prendre des précautions avec l’eau. Les matières fécales libérées par les morts peuvent être contaminées et polluer l’eau. Il existe alors un risque de diarrhée ou d’autres maladies si l’on boit cette eau contaminée.
Enterrer à la hâte n’est pas la solution
«Ce n’est pas le cadavre qui est la cause principale du risque, c’est tout ce qui se trouve dans l’eau», comme la boue et les produits chimiques, explique une porte-parole de l’OMS, Margaret Harris. Mais après avoir touché un corps, il faut se laver les mains avec de l’eau et du savon ou avec un nettoyant à base d’alcool.
Le mythe répandu des épidémies causées par les dépouilles «pousse souvent les gens à enterrer les morts à la hâte et augmente le risque que des personnes restent portées disparues, laissant leurs proches dans l’angoisse pendant des années», déplore Bilal Sablouh, conseiller en médecine légale pour le CICR en Afrique.
La pression suscitée, notamment, par ces rumeurs peut inciter à prendre des mesures comme des inhumations collectives, faites dans la hâte et de manière peu respectueuse. Selon Gwen Eamer, responsable des opérations d’urgence de la FICR pour le séisme au Maroc, «une inhumation précipitée et inutile des corps des victimes de catastrophes ou de conflits empêche les familles d’identifier et de pleurer leurs êtres chers, et n’apporte aucun avantage pour la santé publique».
Incinération et chaux à éviter
L’OMS et la Croix-Rouge recommandent d’identifier les corps et de les inhumer dans des tombes individuelles clairement marquées. Il est aussi important de documenter et cartographier le site d’inhumation pour assurer la traçabilité. Enfin, l’incinération des corps non identifiés «doit être évitée».
Quant à la pulvérisation de poudre de chaux sur les corps, elle n’est pas utile, car elle n’accélère pas la décomposition. Et comme les cadavres ne présentent généralement pas de risque infectieux, leur désinfection n’est pas nécessaire.