Energie«C’est comme si on devait payer une Fiat 500 au prix d’une Ferrari»
L’Union suisse des arts et métiers a lancé lundi des propositions pour améliorer la sécurité d’approvisionnement de la Suisse face à l’explosion des prix de l’électricité.
- par
- Christine Talos
Alors que les Chambres vont entamer ce lundi leur session d’automne où le thème de l’énergie sera largement abordé, l’Union suisse des arts et métiers est montée lundi au créneau pour dire son inquiétude. «Je suis alarmé. Les augmentations des prix de l’électricité peuvent porter un coup fatal à notre économie», a ainsi déclaré Fabio Regazzi, conseiller national du Centre et président de l’USAM.
Les PME doivent faire face à une explosion des prix qui menace carrément leur existence et ce dans de nombreux domaines d’activités, relève l’USAM. À l’image de ce petit hôtel de montagne qui payait jusqu’ici 5000 francs pour ses charges d’électricité et qui s’est vu proposer une offre pour 2023 à plus de 162’000 francs, soit une hausse de 1600%. «C’est presque comme si on devait payer une Fiat 500 au prix d’une Ferrari», a comparé le président de GastroSuisse, Casimir Platzer.
Des prix qui ont explosé
Autre exemple, celui de l’entreprise de construction métallique de Fabio Regazzi lui-même. Cette année, il a dû payer son électricité au prix actuel de 58’000 francs. Il a reçu une offre de la part de son fournisseur de 926’000 francs, soit 16 fois plus. «Une telle somme peut être fatale et je ne peux pas répercuter ces tarifs sur mes produits, sinon je ne suis plus concurrentiel», a-t-il expliqué. «De nombreuses PME sont dans la même situation».
Selon lui, ce sont des décisions politiques qui ont conduit à la baisse de la capacité électrique tout en empêchant son développement. «Les objectifs de développement de la Stratégie énergétique 2050 sont une promesse politique qui n’a pas été tenue. C’est pourquoi nous en sommes là aujourd’hui», a-t-il critiqué. En outre, le président de l’USAM a rappelé que la Suisse présente, après l’Irlande, l’intensité énergétique la plus faible de toutes les économies développées. «L’électricité en Suisse n’est donc pas gaspillée».
Obstacles administratifs à faire tomber
L’USAM lance des propositions: à commencer par la construction de petites installations de toutes les technologies durables au niveau des ménages et ce sans autorisation. Les grands projets hydroélectriques et éoliens devraient en outre être exclus de la procédure d’opposition. «Jusqu’à ce que les objectifs de développement soient atteints, il ne doit plus être possible de faire opposition à ces projets», a précisé le directeur de l’USAM, Hans-Ulrich Bigler.
L’USAM propose aussi que les différents secteurs d’activité concluent des accords d’économie d’énergie avec l’approvisionnement économique du pays. Ces plans seraient élaborés par les entreprises et les branches elles-mêmes. L’USAM veut aussi permettre aux entreprises qui sont sur le marché dit libre de l’électricité de revenir à l’approvisionnement de base. Elles devraient pouvoir le faire à leur demande, pour autant qu’elles respectent un délai de préavis d’un an et qu’elles y restent pendant au moins 3 ans, faute de quoi elles devraient payer une pénalité de 10% maximum sur la partie énergie.