AfghanistanUne attaque contre l’hôpital militaire de Kaboul fait une vingtaine de morts
Un kamikaze à moto s’est fait exploser à l’entrée d’un hôpital de la capitale afghane, tuant près de 20 personnes. Cet attentat pourrait être l’œuvre du groupe État islamique.
Au moins 19 personnes ont été tuées et 50 blessées, mardi, dans une attaque contre l’hôpital militaire national de Kaboul, dans un contexte de violence croissante en Afghanistan entre les talibans, au pouvoir, et le groupe djihadiste rival de l’État islamique. «Dix-neuf corps et environ 50 blessés ont été emmenés dans les hôpitaux de la ville», a déclaré un responsable au ministère de la Santé.
L’attaque, qui n’a pas été immédiatement revendiquée, «a été menée par un kamikaze à moto, qui s’est fait exploser à l’entrée de l’hôpital», et par des assaillants qui ont réussi à entrer dans l’hôpital avant d’être tous abattus par des combattants talibans arrivés sur les lieux, a précisé un responsable du gouvernement afghan.
Jusqu’à 400 patients
«Une explosion est survenue à la porte de l’hôpital militaire et une deuxième aux abords de l’hôpital», a confirmé un responsable taliban. Le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Qari Sayed Khosti, a évoqué dans un tweet «une bombe ayant explosé à l’entrée» de l’hôpital militaire Sardar Mohammad Dawood Khan, et ajouté que les forces spéciales talibanes étaient sur place. L’établissement, qui peut accueillir jusqu’à 400 patients, est le plus grand hôpital militaire du pays.
La première explosion a été entendue près de l’hôpital, vers 13h heures locales (9h30 en Suisse). Elle a été suivie de tirs, puis d’une deuxième explosion et de nouveaux tirs entendus par des journalistes de l’AFP, depuis le quartier voisin.
Tous les assaillants tués
Depuis l’hôpital, où le personnel s’est réfugié dans une pièce de sécurité, une source médicale a confirmé avoir entendu une explosion et des «tirs en cours». «Je peux encore entendre des coups de feu dans l’immeuble», a précisé plus tard cette source, en craignant que les assaillants n’aillent «de chambre en chambre» pour tuer plus de gens, «comme ce fut le cas la première fois où l’hôpital a été attaqué». Les autorités ont ensuite précisé que l’assaut était terminé et que tous les assaillants avaient perdu la vie.
Le bâtiment avait déjà été attaqué en mars 2017, par des assaillants habillés en personnel médical. Cette fusillade sanglante de six heures, revendiquée par l’EI, avait fait 50 morts, selon le bilan officiel, plus du double, selon des sources sécuritaires.
Dans le centre-ville de Kaboul, des journalistes ont vu des combattants talibans se précipiter sur les lieux à bord d’au moins deux véhicules blindés de transport de troupes et de camionnettes. Des sirènes ont aussi été entendues dans les rues et des ambulances vues se dirigeant à toute vitesse vers le lieu des explosions. L’hôpital est celui où le ministre taliban de la Défense, Mohammed Yaqoub, fils du fondateur des talibans, le mollah Omar, avait fait sa première apparition publique, mercredi dernier, pour demander notamment aux hommes d’affaires afghans d’investir dans les hôpitaux.
Nombreuses représailles
Depuis leur arrivée au pouvoir, le 15 août, les talibans, qui font du retour de la sécurité dans le pays leur priorité après 20 ans de guerre, sont confrontés à une vague d’attentats sanglants menés par le groupe État islamique (EI). Sa branche locale, l’EI-K, rival et principal adversaire du mouvement islamiste au pouvoir, a ciblé, ces dernières semaines, aussi bien les talibans que la minorité chiite afghane.
Ces derniers jours, une série de meurtres, présentés par la presse locale comme des représailles entre combattants talibans et de l’EI-K, a été observée, en particulier dans la province du Nangarhar, située à l’est de Kaboul et connue pour être un fief de l’EI-K. La dernière attaque dans la capitale afghane remonte au 3 octobre. Au moins cinq personnes avaient été tuées dans une explosion survenue près de la mosquée Id Gah, dans une attaque revendiquée par l’EI.