FootballComment Fabian Rieder a porté Young Boys cette saison
Faux numéro 10 mais milieu hyperimpactant, le jeune international de 21 ans a explosé cette saison. Il a largement contribué au titre à venir du club bernois, qui peut être sacré mardi contre Grasshopper.
- par
- Valentin Schnorhk
Une victoire sur la pelouse de Grasshopper mardi soir et tout sera joué pour Young Boys. Un an après avoir perdu son titre de champion de Suisse au profit du FC Zurich, le club de la capitale va le retrouver. Et si ce n’est pas au Letzigrund, ce sera sans doute le week-end prochain contre Lucerne au Wankdorf.
Qu’importe, ce sera le cinquième titre en six ans pour YB. Mais seulement le deuxième après 2021 pour Fabian Rieder, lequel sera suspendu mardi. Reste que cette saison, le milieu de 21 ans a complètement pesé: Cedric Zesiger est le seul Bernois à avoir plus joué que lui.
Consultés mi-avril, les lecteurs du Matin.ch ont logiquement et largement désigné Rieder comme le joueur le plus prometteur de Super League. Son avenir est assurément ailleurs. En Allemagne, sans doute. À quoi ses futurs suiveurs devront-ils s’attendre? Décryptage de la manière dont le jeune international a porté Young Boys tout au long de cette saison.
Un faux numéro 10
Quel rôle a occupé Fabian Rieder dans le Young Boys de Raphaël Wicky? Les feuilles de match évoquent un poste de numéro 10 dans un milieu en losange. C’est plus complexe. Son activité avec ballon dans les vingt derniers mètres n’est par exemple pas parmi les plus importantes de Super League, malgré qu’YB ait tendance à passer son temps dans le camp adverse. En fait, avec ballon, Rieder a cette saison été un joueur de construction, plus que de déséquilibre ou de dernière passe.
D’ailleurs, le losange présenté n’en a jamais été un avec ballon. Ou en tout cas pas avant le dernier tiers adverse. À la relance, Rieder est en fait très souvent descendu à la hauteur du milieu défensif désigné (Niasse ou Lauper, le plus souvent). Cela lui a donc permis très souvent d’organiser le jeu, et de le faire avancer jusque dans la zone offensive, où YB a pour objectif de s’installer.
Milieu défensif avancé
Cela ne veut pas dire que le losange bernois était un leurre. Il a existé sur une phase de jeu bien précise: le pressing, lequel est un composant essentiel du jeu du futur champion. Ce dernier existe avant tout par l’intensité qu’il est capable de dérouler chez l’adversaire. Dans ce cadre-là, Fabian Rieder a occupé un rôle-clé, lui qui est formé au poste de milieu relayeur. Ainsi, sans ballon, il s’est toujours positionné très haut, comme un numéro 10.
Cela lui a notamment permis de récupérer beaucoup de ballons dans le camp adverse. À la fois en profitant du travail toujours très énergique de ses attaquants, mais également par son appétence pour les duels. En Super League, seul le Lucernois Nicky Beloko en dispute plus que lui. En moyenne, Rieder en joue plus de 10 par match. Il fait également partie des joueurs à commettre le plus de fautes (39 depuis le début de saison, simplement devancé par Beloko, Dadashov et Condé). Des chiffres dignes d’un milieu défensif.
«Ce qui est frappant, c’est l’intensité qu’il est capable de déployer, mentionnait Matteo Vanetta, son ancien entraîneur, il y a quelques mois. Il peut aller mettre dix fois la pression sur le porteur, presque en sprint. Il ne calcule pas.» Il y a sans doute eu dans la réflexion de Wicky l’idée de pouvoir être hyperefficace sans ballon, dans le camp adverse. Plus simple avec un joueur comme Rieder qu’avec un autre.
Interprète modèle
Si Fabian Rieder est aussi pertinent à la récupération, c’est aussi parce qu’il lit parfaitement le jeu. Son positionnement axial lui permet d’être le plus souvent dans la zone du ballon. Alors, quand un partenaire le perd, il est à proximité pour participer immédiatement à l’effort défensif. Mais surtout, il est un soutien direct au développement des actions.
Grâce à des capacités physiques importantes, il peut ainsi suivre les longs ballons et être proche de la zone de renvoi. C’est ensuite que ses qualités techniques, indissociables de son talent, s’expriment le mieux. À la fois dans des petits que dans des grands espaces. Ainsi, s’il bouge beaucoup, sa zone préférentielle reste le demi-espace droit, qui lui permet de s’orienter sur pied gauche et orienter le jeu, notamment vers l’aile gauche.
Son interprétation du jeu conjuguée à son aisance sur deux touches de balle lui permet également d’enchaîner dans des espaces plus réduits. Notamment avec ses attaquants, qu’il peut mettre en position de frappe, ou inversement, grâce à des relais courts. Mais pas forcément pour se mettre en valeur lui. Sa marge de progression est peut-être là: avec «seulement» six buts et deux passes décisives, Fabian Rieder a été impactant d’une autre manière durant toute la saison. Mais tellement essentielle pour Young Boys.